LES PHILOSOPHES DE DJENEN EL-KARES !
Pour ceux qui ne le connaissent pas, car maintenant il a disparu sous l’invasion monstrueuse du béton, DJENEN EL-KARES se situait à l’entrée de la Cité Juanola, juste en face de la première rue où est implanté le centre de formation professionnelle multimetiers industriels.Actuellement un collège d’enseignement moyen a été implanté à la place de cet unique verger de citronniers, sur l’ancienne route Chemora qui bordait tous les jardins de ce verdoyant quartier et ses multiples arbres fruitiers, arrosés par l’intarissable Oued Forcha à l’époque.À l’intérieur de ce verger de citronniers, un fleuriste surnommé » Betcharalou » et qu’on aimait appeler par son apocope » Betcha « , avait construit une maisonnette de fortune en bois, entourée de vastes carrés de fleurs aux senteurs enivrantes, et dans laquelle se réunissaient tous les bônois qui aimaient le calme, la solitude, la musique Chaabi et bien sûr l’histoire de Bône et de ses hommes du passé.Ne se trouvaient réunis en ces lieux austères que les jeunes des quartiers de la cité Juanola et du Pont Blanc, avec quelquefois des invités venus des cités voisines du ruisseau d’or à l’image du défunt Ali Meraihia, et des lauriers roses.Évidemment, il y avait également votre humble informateur, qui a eu le privilège d’avoir habité les deux quartiers dès son jeune âge, et d’avoir connu tous ceux qui venaient chez » Betcha » prendre un joint, écouter de la musique et philosopher.Pendant que Cheikh BRAHIM BEY nous transcendait au firmament avec ses mélodieuses Qacidas chaabies, sorties des terroirs des grands maîtres de ce genre de chants, à l’image de Mrizek, Nador et El-Hadj M’hamed El-Anka, d’autres le suivaient et philosophaient au fil des mots que le Cheikh BRAHIM BEY débitait d’une voix suave et mélodieuse.Tout un chacun s’impregnait de ce que disait l’autre avec une attention soutenue et un intérêt apparent.Notamment Djamel Mhibila, El- Pic, Zaabinou et d’autres fidèles dont les noms m’échappent.Beaucoup nous ont quittés que DIEU ait leurs âmes.D’autres vivent encore et je souhaite qu’ils lisent cette chronique souvenir qui leur est dédiée !Je me souviens qu’en 1989, alors que je fréquentais encore ce lieu paradisiaque avant son remplacement par le béton, j’avais fait un article sur le journal » HORIZON » que j’avais titré :Si vous voulez apprendre la philosophie venez à DJENEN EL-KARES !Ce qui a ameuté dans l’après-midi même, la brigade des stupéfiants de la sûreté de wilaya de Annaba, croyant mettre la main sur des dealers.Il n’ont trouvé que Cheikh BRAHIM BEY et sa mandole, Betcharalou le maître des céans piquant ses rosiers et d’honorables jeunes dont le journaliste qui a écrit l’article ! Hhhhhhhhh