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L’Algérie mise sur le fer et l’acier pour propulser sa relance industrielle

Le fer algérien s’impose désormais comme un pilier stratégique de la relance économique nationale. Bien plus qu’une simple ressource minière, il est aujourd’hui perçu comme un levier central de l’intégration industrielle, soutenant des secteurs clés allant du BTP à l’automobile, en passant par l’énergie et la mécanique. Dans une conjoncture marquée par des ambitions de souveraineté économique, le gouvernement place la sidérurgie au cœur de sa politique de développement.

Une stratégie articulée autour de plusieurs pôles industriels

Depuis 2020, une série d’investissements structurants a permis d’accélérer la transformation du secteur. À Oran, le complexe sidérurgique Tosyali poursuit son expansion avec la mise en service d’une laminerie à chaud capable de produire jusqu’à 4 millions de tonnes de bobines d’acier laminé par an, portant la capacité globale du site à plus de 7 millions de tonnes. Ce développement vise à couvrir la quasi-totalité des besoins nationaux en fer plat, tout en renforçant l’intégration industrielle vers l’électroménager et les équipements légers.

À Jijel, le complexe de Bellara, fruit d’un partenariat algéro-qatari, connaît également une montée en puissance. L’extension validée début 2024, dotée d’un investissement de 2,08 milliards de dollars, portera sa capacité à plus de 4 millions de tonnes par an, en diversifiant l’offre vers des aciers adaptés aux exigences locales.

À Annaba, le site historique d’El Hadjar fait l’objet d’un second plan de redressement visant à stabiliser sa production à 1,2 million de tonnes par an. Ce redémarrage progressif s’accompagne d’un programme de modernisation ciblé sur les unités critiques.

Gara Djebilet, un atout géologique et stratégique

Mais c’est surtout l’exploitation du gisement de Gara Djebilet, relancée en juillet 2022, qui change profondément la donne. Avec 1,7 milliard de tonnes de minerai exploitable à ciel ouvert sur un total estimé à 3,5 milliards, cette mine du sud-ouest algérien est appelée à devenir un pilier de l’approvisionnement national.

La phase initiale de production, de 2 à 3 millions de tonnes par an jusqu’en 2025, doit progressivement laisser place à une montée en charge ambitieuse dès 2026, avec un objectif situé entre 40 et 50 millions de tonnes extraites chaque année. Ce rythme placerait l’Algérie parmi les tout premiers producteurs africains de minerai de fer.

L’achèvement début juillet de la ligne ferroviaire de 135 km entre le gisement et la ville de Tindouf constitue une première étape vers un corridor logistique de 950 km. Cette infrastructure permettra de relier le gisement au réseau national et aux ports du nord, condition sine qua non pour le transport du minerai transformé ou exporté.

Relier la sidérurgie à l’économie productive

L’enjeu ne se limite pas à la production. Le gouvernement entend insérer la sidérurgie dans une logique industrielle intégrée. L’acier local devient une ressource-clé pour plusieurs chaînes de valeur : aciers longs pour les chantiers de construction et les infrastructures, fer plat pour l’électroménager, acier normé pour l’industrie automobile, aciers spéciaux pour les besoins énergétiques (oléoducs, plateformes, structures métalliques).

Ce tissu industriel, alimenté localement, permet non seulement de sécuriser les approvisionnements, mais aussi de réduire considérablement les importations et d’envisager, à terme, l’exportation d’excédents vers l’Afrique de l’Ouest ou le bassin méditerranéen.

Une ambition industrielle de long terme

La stratégie du gouvernement ne se limite pas à la relance immédiate. Elle repose sur une vision de long terme fondée sur l’exploitation durable des ressources nationales, la transformation sur place et l’intégration progressive des filières industrielles. Dans ce cadre, la sidérurgie est appelée à jouer un rôle central dans l’atteinte de l’objectif de 400 milliards de dollars de PIB national à l’horizon 2027.

En témoigne la rencontre, fin juillet, entre le ministre de l’Industrie et le président de l’Union arabe du fer et de l’acier, au cours de laquelle les perspectives régionales ont été évoquées. L’Algérie y apparaît de plus en plus comme un futur pôle de référence dans la filière sidérurgique, avec l’ambition d’imposer sa marque sur le marché africain et méditerranéen.

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