Loi de finances 2026 : cap sur la rigueur sans austérité dans un contexte pétrolier incertain
Alors que l’instabilité des marchés pétroliers pèse sur les équilibres économiques mondiaux, l’Algérie s’apprête à élaborer son avant-projet de loi de finances pour 2026 dans un esprit de continuité avec la politique budgétaire expansionniste menée ces deux dernières années. En dépit des turbulences liées à la baisse des cours du brut et aux tensions géopolitiques internationales, l’État entend maintenir un niveau de dépenses publiques élevé, tout en renforçant la rigueur dans leur gestion.
Selon une note officielle adressée en juin dernier aux ordonnateurs publics par la Direction générale du budget, la préparation de l’avant-projet de loi de finances (APLF 2026) intervient dans un environnement international incertain, marqué notamment par la persistance de conflits commerciaux, des déséquilibres financiers mondiaux et une forte volatilité des prix du pétrole, attendus à 66,94 dollars le baril en 2025 contre 79,17 dollars en 2024.
Pas d’austérité, mais une discipline accrue
Malgré ce contexte défavorable, le président de la République a récemment réaffirmé qu’aucune politique d’austérité n’était envisagée à court terme. Le budget de l’État continuera donc à suivre une trajectoire de croissance, avec un plafond de dépenses fixé à 17 948,64 milliards de dinars pour 2026, soit une hausse de 6,9 % par rapport aux niveaux déjà record de 2025 (16 794 milliards de dinars).
Ce maintien du cap expansionniste s’inscrit dans le cadre du budget triennal 2025-2027, déjà adopté dans la loi de finances en vigueur. Il vise à soutenir le pouvoir d’achat, encourager l’investissement et stimuler la croissance économique, tout en assurant une meilleure efficacité dans l’utilisation des ressources publiques.
Un cadre budgétaire aligné sur les priorités nationales
Le document préparatoire rappelle que l’objectif est d’aligner le budget de l’État sur la stratégie nationale de développement économique et social. Il s’agit, selon les termes de la note du ministère des Finances, de construire une trajectoire réaliste des finances publiques, garantissant la préservation des équilibres de trésorerie à court et moyen terme.
La philosophie budgétaire mise en avant repose ainsi non sur des réductions brutales de dépenses, mais sur une rationalisation progressive, fondée sur la priorisation des projets, la transparence, et une exigence accrue de justification. Les nouvelles propositions de budget devront désormais être justifiées « dinar par dinar », dans une logique d’efficience et de responsabilisation accrue des gestionnaires publics.
Une vigilance accrue face aux chocs externes
La forte dépendance de l’économie algérienne aux revenus pétroliers impose toutefois une prudence nouvelle. Le prix de référence fiscal du baril de brut pour 2026 est maintenu à 60 dollars, ce qui traduit un effort de prévision conservateur face aux aléas des marchés. La baisse anticipée des cours de l’or noir constitue un risque budgétaire majeur, auquel le gouvernement entend répondre par une meilleure mobilisation des ressources internes et un encadrement strict des dépenses.
Enjeux : croissance, équilibres et transformation
En définitive, la future loi de finances pour 2026 cherchera à combiner relance et discipline. Elle ambitionne de consolider la dynamique d’investissement public, de rattraper les écarts de pouvoir d’achat, tout en engageant le pays sur la voie d’un assainissement progressif des finances publiques. L’État mise ainsi sur un équilibre délicat : préserver l’effort économique et social sans tomber dans l’austérité, tout en instaurant une nouvelle culture de gestion budgétaire fondée sur la performance et la responsabilité.