Entre accueil favorable et demandes de report : les agences de voyage face à la nouvelle licence de transport international
Le ministère des Transports a décidé de réinstaurer la licence obligatoire de transport international pour les autobus touristiques se rendant à l’étranger, notamment en Tunisie. Les directions des transports à travers le pays ont commencé à appliquer cette mesure, qui existait auparavant avant d’être supprimée en 2018, tandis qu’elle était restée obligatoire pour le transport touristique intérieur.
Si les agences de voyage saluent globalement un dispositif qui devrait mieux encadrer la profession et limiter les activités illégales de certains intermédiaires, elles redoutent toutefois les répercussions financières d’une mise en œuvre jugée trop rapide. Plusieurs d’entre elles demandent ainsi à l’administration un report de l’application jusqu’au début de l’année prochaine.
Une mesure utile, mais un calendrier problématique
La décision vise à réguler un secteur marqué ces derniers mois par la présence d’acteurs non agréés, qui louent des bus pour transporter des familles ou des groupes vers la Tunisie en dehors de tout cadre professionnel. Selon l’organisation algérienne du tourisme, cette situation a également conduit certaines entreprises à détourner des bus du transport interurbain au profit d’activités touristiques transfrontalières, provoquant des perturbations dans le transport des voyageurs à l’intérieur du pays.
Dans une déclaration à Echorouk, Maher Hammour, président de l’Organisation algérienne du tourisme, rappelle que la licence était obligatoire avant 2018 pour les voyages touristiques à l’étranger, avant son annulation. Son rétablissement, dit-il, « vise essentiellement à organiser le transport international et à imposer une autorisation spécifique pour chaque voyage ».
Toutefois, Hammour souligne que la mise en œuvre immédiate du dispositif a eu pour effet parallèle de désorganiser les agences, qui avaient déjà finalisé leurs programmes de voyages vers la Tunisie pour la saison estivale.
Des voyages suspendus et des touristes bloqués en Tunisie
L’absence de délai de transition a poussé plusieurs agences à suspendre temporairement leurs départs jusqu’à l’obtention de la licence, entraînant des annulations et reports inattendus pour leurs clients.
Selon Maher Hammour, 814 touristes algériens se trouvent actuellement bloqués en Tunisie, entre Hammamet et Sousse, faute de bus autorisés à assurer leur retour. Les hôtels tunisiens n’étant pas contraints de rembourser les séjours déjà réglés — et les voyageurs ayant consommé leur allocation devises et posé leurs congés —, tout retard dans leur rapatriement risque d’occasionner des préjudices importants.
Appel au report jusqu’en janvier 2026
Face à ces difficultés, l’Organisation algérienne du tourisme a adressé des correspondances au ministère de l’Intérieur ainsi qu’aux ministères des Transports et du Tourisme, sollicitant un report de l’application de la licence jusqu’à janvier 2026. Cette prolongation permettrait aux agences de régulariser sereinement leur situation administrative tout en respectant les engagements pris avec leurs clients.
Les professionnels du secteur affirment ne pas s’opposer au principe de la licence, qu’ils jugent nécessaire pour « mettre de l’ordre » dans la profession. Ils souhaitent toutefois que la transition se fasse sans perturber un marché touristique déjà très sollicité durant la saison estivale.
