Certification des exploitations agricoles : un passage obligé pour dynamiser les exportations
Alors que l’Algérie ambitionne de renforcer la présence de ses produits agricoles sur les marchés internationaux, la certification des exploitations demeure un maillon essentiel… mais encore peu développé. C’est l’un des constats mis en lumière lors de la troisième édition du Salon international des dattes d’Alger, organisé par la Chambre nationale de l’agriculture du 25 au 27 novembre au Palais des expositions (Safex).
Bien que le pays compte des centaines de producteurs de dattes, seuls une vingtaine d’entre eux disposent aujourd’hui d’une certification reconnue à l’international, selon Seddiki Brahim, responsable de certification au sein de l’entreprise Biocert. Une réalité qui s’étend, explique-t-il, à l’ensemble des filières agricoles.
Une certification encore méconnue et sous-utilisée
Biocert, accréditée depuis 2018 par l’organisme étatique allemand DAkkS, accompagne les exploitations souhaitant se conformer aux standards internationaux. Pour son responsable, la principale difficulté reste le manque de sensibilisation.
Les agriculteurs doivent en effet répondre à des exigences en constante évolution, notamment pour accéder à des marchés où les normes sanitaires et environnementales sont particulièrement strictes. « L’exportation des produits agricoles est aujourd’hui extrêmement réglementée », souligne M. Seddiki. L’accès aux marchés européens, nord-américains ou asiatiques exige désormais une traçabilité complète, allant bien au-delà de la qualité du produit final.
Des coûts et des contraintes qui freinent encore les agriculteurs
La certification impose aux producteurs de revoir l’ensemble de leurs procédés : organisation de l’exploitation, méthodes de travail, gestion des intrants, respect des normes sanitaires. À cela s’ajoutent des inspections régulières et un coût financier qui peut décourager les petites exploitations familiales, très nombreuses dans le pays.
« Le prix d’une certification reste pourtant limité au regard de ce que peut rapporter l’exportation », rappelle le responsable, tout en reconnaissant que la diversité des normes selon les pays constitue un autre obstacle. Exporter vers plusieurs marchés nécessite souvent d’obtenir plusieurs certifications, un investissement difficile à supporter pour de petites structures.
La certification collective, permettant à plusieurs exploitations de réduire les coûts en se regroupant, reste une option. Mais elle implique une coordination et une structuration solides, encore rares sur le terrain où les agriculteurs privilégient le travail individuel.
Un potentiel d’exportation encore largement sous-exploité
Du côté des producteurs présents au salon, beaucoup affirment viser l’exportation à moyen terme, même si le marché national absorbe déjà une grande partie de leur production. Selon les estimations de Biocert, les exportations de dattes rapportent actuellement entre 60 et 70 millions de dollars par an. Un chiffre qui pourrait être multiplié si davantage d’exploitations obtenaient les certifications nécessaires.
Avec une production variée et de grande qualité, l’Algérie dispose d’atouts indéniables. Pour les valoriser pleinement, la mise à niveau des exploitations et la généralisation des certifications apparaissent comme un passage incontournable.
