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Algérie : vers un nouveau modèle de consommation énergétique pour l’électricité et le gaz

Dans le cadre de la rationalisation de la consommation énergétique, l’Algérie s’apprête à lancer un projet ambitieux visant à moderniser en profondeur la politique du secteur électrique et gazier. Le ministère de l’Énergie et des Énergies renouvelables, dirigé par Mourad Adjal, a finalisé un nouveau modèle de consommation énergétique destiné à orienter les investissements publics de manière plus efficace et équitable.

Le ministre a présidé hier une réunion d’évaluation pour suivre l’avancement de ce chantier stratégique, qui concerne l’ensemble des citoyens et secteurs économiques. Selon le ministère, le modèle repose sur une méthodologie scientifique et des données de terrain détaillées afin d’adapter les choix d’investissement aux besoins réels des différentes régions et d’assurer un service public de qualité.

Des programmes d’investissement plus cohérents

Le directeur de l’information et de la communication du ministère, Khalil Hodna, précise que le dispositif analyse la consommation de toutes les catégories d’usagers : ménages, industriels, investisseurs et agriculteurs. Les données étudiées couvrent plusieurs décennies, depuis l’indépendance, et permettront de bâtir des programmes d’investissement mieux ciblés. Une campagne nationale de sensibilisation à la rationalisation de l’électricité et du gaz est également en préparation.

Cette initiative s’impose face aux pics saisonniers de consommation électrique, tandis que le reste de l’année, l’usage reste modéré. La valorisation de l’énergie non consommée et l’exploration de pistes d’exportation sont également envisagées. Avec la quasi-totalité de l’électricité produite à partir du gaz naturel, l’enjeu dépasse la simple gestion du réseau.

Des chiffres qui illustrent l’urgence du changement

La consommation nationale atteint 55 millions de tonnes équivalent pétrole à fin septembre 2024, en hausse de 5 % sur un an. Plus de 160.000 foyers ont été raccordés à l’électricité et plus de 550.000 au gaz depuis 2020. Le taux de raccordement est aujourd’hui supérieur à 99 % pour l’électricité et 70 % pour le gaz, avec plus de 100.000 exploitations agricoles désormais alimentées.

Le gaz naturel représente 40 % de la consommation énergétique du pays, et les ménages, le secteur tertiaire et l’agriculture absorbent à eux seuls 66 % de la consommation finale, soit plus de 12,7 millions de tonnes équivalent pétrole. L’industrie consomme le reste. L’Algérie consomme près de deux fois plus d’énergie pour produire une unité de PIB que la moyenne des pays de l’OCDE, soulignant l’importance d’améliorer l’efficacité énergétique.

Un chantier stratégique pour l’avenir

Le nouveau modèle vise à instaurer une culture de maîtrise de l’énergie, souvent encore limitée malgré l’existence de textes et d’institutions. En croisant des données précises et une stratégie d’investissement mieux ciblée, il permettra d’optimiser les ressources, de réduire le gaspillage et d’améliorer la qualité du service public.

Pour le gouvernement, cette réforme représente un enjeu économique, social et environnemental majeur. Elle vise à stabiliser la consommation, préparer le secteur à la croissance démographique et industrielle et soutenir le développement des énergies renouvelables.

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