Manifests au Maroc : une note confidentielle accuse le pouvoir de prioriser la protection des palais
Une note confidentielle, rendue publique par des médias ce vendredi, jette une lumière crue sur les consignes internes du pouvoir marocain à l’heure des manifestations qui parcourent le pays. Selon ce document, les autorités auraient ordonné le renforcement de la protection des résidences royales et des quartiers huppés, tandis que les demandes sociales des manifestants resteraient sans réponse.
Le texte, classé « secret » d’après les sources ayant divulgué son contenu, considère les rassemblements comme une « menace directe contre l’ordre public ». Il prescrit la « mobilisation immédiate des forces de sécurité », l’intensification des patrouilles autour des palais et la « dispersion ferme » de tout attroupement non autorisé. La note imposerait également des restrictions fortes à la couverture médiatique des opérations, demandant d’« interdire toute activité journalistique lors des opérations de dispersion », selon les extraits diffusés.
Ces orientations alimentent l’indignation des manifestants et des organisations de la société civile, qui dénoncent une logique de priorité accordée aux symboles du pouvoir au détriment des services publics. Les auteurs de la fuite et plusieurs militants pointent du doigt ce qu’ils qualifient de décalage entre les préoccupations du gouvernement — protection des palais, maintien de l’image du pouvoir — et la détresse sociale réelle : hôpitaux délabrés, crises dans l’éducation et l’accès aux soins, font partie des griefs évoqués.
Le document évoque en outre la mise en place de réseaux de signalement citoyen pour repérer et dénoncer les opposants, une mesure perçue par ses détracteurs comme un encouragement à la surveillance et à la délation. Pour les jeunes du mouvement GenZ 212 et d’autres collectifs, cette note confirme que leurs revendications — justice sociale, santé, éducation — ne sont pas prises en considération par les responsables politiques. Ils estiment que les grandes dépenses publiques, mises en avant pour des projets d’envergure comme des infrastructures sportives, contrastent avec la dégradation des services essentiels.
Les réactions publiques sont vives : des manifestants affirment que la fuite légitime leurs mobilisations et appelle à une réponse politique et sociale plutôt qu’à une politique répressive. De leur côté, les autorités n’ont pas, à ce stade, confirmé officiellement l’authenticité du document et les mesures qu’il contient. Les observateurs soulignent que, si la véracité de la note est avérée, elle pose des questions sur les priorités et la gestion de la crise par le pouvoir, et renforce la pression pour un dialogue national ouvert sur les demandes sociales et les réformes nécessaires.
