Réforme des urgences médicales : Un enjeu central pour refonder le système de santé

Dans le vaste chantier de modernisation du système de santé algérien, les services des urgences figurent au sommet des priorités. Porte d’entrée principale de l’hôpital et premier contact pour des milliers de patients chaque jour, ce maillon essentiel est aujourd’hui au centre des réformes initiées par le ministère de la Santé.

Lors d’une réunion de coordination avec ses cadres, le ministre Mohamed Seddik Aït Messaoudène a dressé un constat sans appel : les services des urgences souffrent de surcharges chroniques, de délais d’attente excessifs, d’un manque de moyens techniques et humains, ainsi que d’une organisation interne souvent défaillante. Face à cette situation, le ministre a souligné l’urgence d’un changement profond dans la gestion de ces structures vitales.

Alléger les urgences, renforcer les soins de proximité

L’une des pierres angulaires de cette réforme repose sur la décongestion des grands centres hospitaliers universitaires (CHU) grâce au renforcement des structures de santé de proximité. L’idée est simple : équiper les polycliniques et centres de santé en matériel médical de base (radiologie, analyses, électrocardiographie) afin de traiter localement les cas non critiques et éviter les transferts systématiques vers les urgences hospitalières.

Cette réorientation vise à améliorer l’accès aux soins, raccourcir les délais de prise en charge et permettre aux grands hôpitaux de se recentrer sur les situations réellement urgentes. C’est un changement de paradigme qui nécessite une meilleure coordination entre les différents niveaux de soins.

Vers un SAMU plus performant et mieux connecté

Autre axe de transformation : le renforcement du service d’aide médicale urgente (SAMU). Trop souvent, la prise en charge préhospitalière reste un maillon faible, avec un manque de coordination entre les équipes de terrain et les structures de soins. Le ministère entend corriger cela par la mise en place d’un plan structurant pour le SAMU, en étroite collaboration avec la Protection civile.

Objectif : assurer une chaîne d’intervention cohérente depuis le lieu de l’incident jusqu’à l’admission à l’hôpital, en réduisant les pertes de temps potentiellement mortelles. Cela implique une formation continue des équipes, une logistique renforcée et un système de communication efficace.

L’innovation médicale au service de l’urgence

Au-delà de la logistique, le ministère mise également sur les innovations thérapeutiques et la création de pôles de spécialités dans les CHU. Le traitement rapide des AVC, par exemple, pourrait être radicalement amélioré grâce à l’introduction de nouvelles technologies et à la spécialisation de certaines unités.

Des services de référence pour les spécialités complexes permettront également de mieux orienter les patients et d’assurer un traitement plus adapté, tout en désengorgeant les services généralistes.

Un changement visible et attendu

En mettant les urgences au centre de la réforme, les autorités visent une transformation visible et concrète pour la population. La réussite de ce chantier constitue un levier essentiel pour restaurer la confiance des citoyens dans l’hôpital public. Elle repose sur une volonté politique forte, une implication intersectorielle, mais surtout sur la reconnaissance du rôle clé du personnel médical et paramédical, souvent en première ligne dans des conditions difficiles.

Ce n’est pas simplement une réforme structurelle, mais une refondation du rapport entre l’hôpital et le citoyen. Si elle est menée à bien, la transformation des urgences pourrait devenir le socle sur lequel s’érigera une nouvelle vision du système de santé algérien — plus efficace, plus humain et plus proche des besoins réels de la population.