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Les discriminations religieuses s’intensifient en France : le rapport alarmant de la Défenseure des droits

Paris, décembre 2025 – Les discriminations fondées sur la religion ne cessent de progresser en France, s’ancrant toujours davantage dans le quotidien des citoyens. C’est le constat sévère dressé par la Défenseure des droits, Claire Hédon, dans son rapport intitulé « Les discriminations fondées sur la religion – Constats et analyses », publié ce jour et s’appuyant notamment sur les données de la nouvelle édition 2024 de l’enquête « Accès aux droits ».

L’étude révèle une nette aggravation du phénomène au cours des dernières années, dans un climat marqué par la montée des tensions identitaires et la banalisation des discours de rejet.

Une hausse continue et significative

Les chiffres de l’enquête sont sans appel. 7 % des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de discrimination en raison de leur religion au cours des cinq dernières années. Ce taux, en hausse constante, n’était que de 5 % en 2016.

Plus largement, la Défenseure des droits souligne que la période récente est marquée par un durcissement général du climat social. Entre 2021 et 2023, le nombre de personnes signalant des faits de discrimination (incluant la religion, mais aussi l’origine et la couleur de peau) a bondi de près de 78 %.

Les femmes musulmanes, cibles privilégiées

Le rapport met en lumière la forte exposition de certaines communautés. Les personnes de confession musulmane sont de loin les plus touchées, avec 34 % d’entre elles se déclarant victimes de discrimination. Elles sont suivies par les personnes chrétiennes à 19 %.

Un phénomène central est la visibilité religieuse, qui expose particulièrement les femmes musulmanes à des discriminations croisées. Ces femmes sont systématiquement désignées comme le groupe le plus affecté, notamment au regard du port de signes religieux.

Ces actes discriminatoires se concentrent principalement dans les lieux de la vie quotidienne : l’école, le travail, le logement et les services publics.

Confusions sur la laïcité et tensions politiques

L’aggravation de ces tensions est exacerbée par une méconnaissance persistante du cadre légal. L’enquête révèle ainsi que 24 % des Français pensent à tort que la laïcité interdit les signes religieux dans l’espace public, une confusion qui alimente et justifie les pratiques de rejet.

La Défenseure des droits insiste également sur le rôle des périodes de tensions politiques, qui exacerbent ces dynamiques. La preuve en est : la ligne antidiscriminations a enregistré un pic de 53 % d’appels supplémentaires lors des élections législatives de 2024, témoignage d’une libération de propos racistes, antisémites et anti-musulmans durant ces moments cruciaux.

Briser le silence

Derrière les statistiques, le rapport lève le voile sur le difficile parcours des victimes. Beaucoup préfèrent le silence et la peur de ne pas être entendues. De nombreuses personnes attendent ainsi plusieurs années avant d’oser témoigner, craignant d’être stigmatisées ou, pire, de ne pas être crues.

Ce rapport, qui traduit une aggravation mesurable d’un phénomène longtemps sous-estimé, appelle les pouvoirs publics à une prise de conscience urgente et à une clarification du cadre juridique pour garantir la non-discrimination religieuse.

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