Hydrocarbures : l’Algérie investit 7 milliards de dollars pour devenir un exportateur majeur de carburants
L’Algérie franchit un nouveau cap dans sa stratégie énergétique avec le lancement de six projets majeurs dans l’industrie de transformation des hydrocarbures, pour un montant global de 7 milliards de dollars. Ces projets, qui s’étaleront sur une période de cinq ans, visent à transformer en profondeur cette filière stratégique et à renforcer les capacités nationales de raffinage de 10 millions de tonnes supplémentaires par an d’ici 2029.
Présentant cette vision jeudi dernier devant le Conseil de la Nation, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a souligné que l’objectif est de porter le taux de transformation du brut algérien de 32 % à 50 %. Une ambition qui s’inscrit dans une nouvelle politique énergétique, axée à la fois sur la satisfaction de la demande locale croissante et sur le retour de Sonatrach sur le marché international des carburants.
Une dynamique en marche vers l’autosuffisance et l’exportation
Actuellement, les capacités de raffinage du pays avoisinent les 30 millions de tonnes par an. En 2024, l’Algérie a exporté 14 millions de tonnes de produits dérivés du pétrole, selon les données du ministère. Cette dynamique est alimentée par la volonté de réduire la dépendance aux produits bruts importés, en privilégiant la transformation locale pour produire des intrants et des lubrifiants, notamment via l’entreprise Naftal.
« Il s’agit de substituer les produits bruts importés par des intrants locaux, d’augmenter la production nationale de lubrifiants et de soutenir l’intégration industrielle à travers le développement des entreprises de services locales », a expliqué Mohamed Arkab.
Une raffinerie phare à Hassi Messaoud
Parmi les projets phares annoncés, la nouvelle raffinerie de Hassi Messaoud représente à elle seule plus de 50 % de l’enveloppe globale. Sa mise en service est prévue pour 2027, avec une capacité annuelle estimée à 5 millions de tonnes. Cette infrastructure jouera un rôle central dans l’ambition nationale de transformation du brut.
En parallèle, des extensions majeures sont en cours dans les complexes de Skikda et d’Arzew. Elles incluent l’installation de nouvelles unités de production :
- 1,2 million de tonnes d’essence
- 1,75 million de tonnes de gasoil
- 250 000 tonnes de bitume
- 200 000 tonnes de Méthyl Tert-Butyl Ether (MTBE)
- Et des unités pour la production d’éthylène et d’alkylbenzène.
2027, année charnière pour la pétrochimie algérienne
L’année 2027 est perçue comme une échéance stratégique pour l’industrie algérienne des hydrocarbures. C’est à cette date que plusieurs de ces projets arriveront à terme, permettant à l’Algérie de renforcer sa souveraineté énergétique, de maîtriser ses importations de dérivés pétroliers, et de consolider son positionnement comme exportateur de carburants.
Selon le ministre de l’Énergie, ces projets marquent un tournant décisif dans le développement industriel du pays et constituent un exploit stratégique, symbolisant la montée en puissance de la transformation locale dans la chaîne de valeur des hydrocarbures.