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L’Algérie trace sa voie vers 2035 avec une stratégie portuaire ambitieuse

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie portuaire à l’horizon 2035, l’Algérie engage une transformation profonde de ses infrastructures maritimes, avec l’objectif clair de devenir un hub logistique régional et intermodal. Cette vision est portée par le groupe Serport, dont le PDG, Abdelkrim Ghezal, a détaillé les grandes lignes lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale.

Une rupture avec les limites actuelles

Face aux contraintes structurelles des ports actuels — tirants d’eau insuffisants, linéaires de quais restreints, connexions terrestres limitées —, la stratégie prévoit la construction de ports « hyperconnectés, décarbonés et intelligents », intégrant les technologies numériques les plus avancées. M. Ghezal souligne que l’Algérie entend s’adapter aux exigences d’un environnement maritime concurrentiel pour s’imposer comme un acteur central dans la région.

Un nouveau port centre à Boumerdès

Parmi les projets phares figure la réalisation d’un nouveau port central, prévu dans la wilaya de Boumerdès, probablement entre Dellys et Cap Djinet. Ce port a pour vocation de désengorger les installations existantes et d’assurer une meilleure desserte du centre du pays. Il s’agit d’une infrastructure stratégique dans l’architecture portuaire de demain.

Trois grands corridors logistiques

La stratégie repose sur la mise en place de trois corridors logistiques structurants. Deux ont été détaillés :

  • Le corridor central, lié à la route transsaharienne, reliera Alger à Tamanrasset et ouvrira l’accès à cinq pays africains jusqu’à Lagos. Il sera également connecté au réseau ferroviaire.
  • Le corridor Est, centré sur le port de Djen Djen, est appelé à devenir un hub méditerranéen. Situé sur l’axe maritime reliant l’Asie, l’Europe et les États-Unis via le canal de Suez, ce port verra sa capacité doubler avec une extension à 2 millions d’EVP et 10 millions de tonnes de marchandises, avec un tirant d’eau de 20 mètres.

Transition énergétique et ports intelligents

L’Algérie s’engage aussi dans la transition énergétique portuaire, avec l’ambition de développer des ports « Green and Smart ». En partenariat avec Naftal, Sonatrach et l’Organisation maritime internationale, le groupe Serport veut intégrer des solutions propres, en misant sur les carburants verts, l’énergie solaire et les normes internationales environnementales.

En tant que premier producteur africain de GNL, l’Algérie aspire à devenir un acteur majeur dans l’approvisionnement en carburants marins propres.

Vers une meilleure performance opérationnelle

Un autre objectif clé est la réduction du nombre de navires en attente, avec une cible de moins de six navires par port. Aujourd’hui, seuls les ports d’Annaba, Djen Djen, Oran et Skikda disposent des quais adaptés aux navires de dernière génération.

Sur le plan de la manutention, les performances s’améliorent : le port de Béjaïa, géré par un opérateur singapourien, atteint désormais 20 conteneurs par heure, contre 10 dans la moyenne nationale. Dès juillet 2024, le port d’Oran, grâce à l’installation de nouveaux portiques, pourrait atteindre 30 conteneurs à l’heure. Avec l’extension des terminaux de Djen Djen et Oran, l’Algérie ambitionne de rivaliser avec les plus grands ports méditerranéens.

Cette stratégie à long terme marque un tournant décisif dans le développement portuaire du pays, en posant les fondations d’un réseau logistique moderne, durable et compétitif à l’échelle régionale et internationale.

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