Corée du Nord : fiasco naval en public, Kim Jong-un ordonne des arrestations
Par : Amani H.
Un lancement naval qui devait symboliser la montée en puissance militaire de la Corée du Nord a viré au désastre. Jeudi 22 mai, à l’occasion de la mise à l’eau d’un nouveau destroyer de 5 000 tonnes, le navire s’est couché sur le flanc devant les yeux du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, présent pour superviser la cérémonie. Le raté, d’une rare visibilité, a immédiatement suscité la colère du régime.
Le naufrage symbolique du destroyer a déclenché une série d’arrestations ordonnées directement par Kim Jong-un, bien décidé à faire tomber les têtes responsables de ce qu’il a qualifié d’« acte criminel » dû à une « négligence absolue » et à un « empirisme non scientifique ». Ce lundi 26 mai, une quatrième personne a été arrêtée, portant à quatre le nombre de cadres placés en détention.
Des arrestations en cascade dans le complexe militaro-industriel
Parmi les personnes interpellées figure Ri Hyong-son, vice-directeur du département de l’industrie des munitions au sein du comité central du Parti des travailleurs. Il a reconnu sa responsabilité dans l’échec du lancement, selon l’agence de presse d’État KCNA. À ses côtés, l’ingénieur en chef du projet, le chef de l’atelier de construction de la coque et un cadre administratif du chantier naval ont également été arrêtés. Le directeur du chantier a quant à lui été convoqué pour interrogatoire, dans le cadre d’une enquête qui se poursuit.
Une telle reconnaissance publique d’un échec militaire, accompagnée de sanctions, reste exceptionnelle dans le fonctionnement du régime nord-coréen, qui dissimule habituellement ses revers. Pour les analystes, cela illustre l’importance stratégique que Kim Jong-un accorde à la modernisation de la flotte navale nord-coréenne.
Des dégâts finalement moins graves que prévu
Initialement, des rumeurs faisaient état d’une brèche dans la coque du navire. Toutefois, les autorités ont précisé que le fond du destroyer n’avait pas été percé. Une inspection technique a conclu que le bâtiment avait subi des dégâts limités : des éraflures sur la partie tribord ont permis à l’eau de mer de s’infiltrer à l’arrière par le canal de sauvetage.
Le régime estime désormais que le navire pourrait être redressé et réparé dans un délai d’environ dix jours. L’incident est néanmoins un revers pour les ambitions navales de Pyongyang, qui avait réussi sans accroc le lancement d’un premier destroyer le mois précédent.
Pressions politiques et défauts techniques
Selon plusieurs observateurs, la pression exercée par les autorités pour répéter rapidement le succès du premier lancement aurait conduit à des raccourcis techniques et à un manque de rigueur dans la préparation de la mise à l’eau. Un excès de confiance couplé à des objectifs politiques trop ambitieux pourrait être à l’origine de cette défaillance.
Ce faux pas pourrait ralentir temporairement le programme de modernisation militaire nord-coréen, à un moment où Pyongyang cherche à afficher sa puissance militaire sur plusieurs fronts, notamment face aux États-Unis et à la Corée du Sud.
