Gaza : Israël accentue son offensive, le monde tente d’imposer une solution politique
Par : Amani H.
Alors que la guerre dans la bande de Gaza entre dans une nouvelle phase particulièrement meurtrière, les autorités israéliennes ont annoncé un changement d’objectif dans leur opération militaire : il ne s’agirait plus uniquement de neutraliser le Hamas, mais bien de prendre le contrôle de vastes portions du territoire et de gérer la distribution de l’aide humanitaire. Une déclaration faite aux médias locaux, qui confirme un tournant stratégique majeur.
Selon ces mêmes sources, l’armée israélienne prévoit de contrôler jusqu’à 75 % de la bande de Gaza d’ici deux mois. Une offensive d’ampleur, lancée dans le cadre de l’opération baptisée « Chariots de Gédéon », qui s’est accompagnée ces derniers jours de bombardements particulièrement meurtriers.
Une école bombardée, des dizaines de morts
Lundi matin, au moins 33 personnes, dont une majorité d’enfants, ont été tuées dans une frappe israélienne sur une école de la ville de Gaza. Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile, a dénoncé un « massacre » à l’école Fahmi Aljarjaoui. Selon lui, des dizaines d’autres personnes, principalement des femmes et des enfants, ont été blessées.
L’armée israélienne a déclaré que cette frappe visait un complexe de commandement utilisé par le Hamas et le Jihad islamique palestinien. Mais ce nouveau drame alimente un peu plus l’indignation internationale alors que le nombre de victimes civiles ne cesse de grimper.
Le week-end précédent, au moins 38 personnes avaient déjà perdu la vie dans d’autres frappes israéliennes. Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, souligne que ce bilan ne tient même pas compte des zones du nord, où les hôpitaux restent inaccessibles, encerclés par les forces israéliennes.
Contrôle de l’aide humanitaire : Israël resserre son emprise
En parallèle de ses avancées militaires, Israël entend également imposer un nouveau dispositif de contrôle de l’aide humanitaire à Gaza. L’État hébreu prévoit de repousser la population palestinienne vers trois petites zones de l’enclave, avant de s’installer durablement sur les trois quarts du territoire.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a clairement écarté toute possibilité de cessez-le-feu, malgré la proposition du Hamas de libérer les otages en échange d’un retrait israélien et d’une trêve durable. Israël, de son côté, entend mettre en place un système de distribution de l’aide qui contournerait les structures liées au Hamas.
Le Coordinateur des activités gouvernementales israéliennes dans les territoires (COGAT) a indiqué dimanche que 107 camions d’aide étaient entrés dans Gaza. Toutefois, cela reste largement insuffisant au regard des besoins, d’autant que le blocus israélien, imposé pendant près de trois mois, a plongé des centaines de milliers de civils dans une situation de famine aiguë. Des images d’enfants dénutris ont récemment envahi les réseaux sociaux, illustrant l’ampleur de la crise humanitaire.
Un projet américano-israélien de gestion de l’aide a également subi un revers majeur : le responsable américain chargé du dossier a démissionné dimanche, dénonçant une absence d’indépendance dans l’action. Les Nations unies, pour leur part, ont confirmé qu’elles ne participeraient pas à ce plan qu’elles jugent partial et non conforme aux principes humanitaires.
Pression diplomatique : Madrid accueille une réunion du G5+
Face à cette escalade, une vingtaine de pays européens et arabes se sont réunis dimanche à Madrid pour tenter de faire pression sur Israël. À l’initiative de l’Espagne, cette rencontre a rassemblé le groupe G5+ dans le but d’arracher un cessez-le-feu et d’avancer vers une solution politique, notamment celle des deux États.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a dénoncé une guerre « injuste, cruelle et inhumaine », et qualifié Gaza de « plaie ouverte de l’humanité ». Il a appelé à la fin immédiate de l’offensive israélienne, à la levée du blocus humanitaire et à une reconnaissance élargie de l’État palestinien. « Le silence, en ce moment, est complice de ce massacre », a-t-il averti.
Aucune déclaration commune n’est toutefois sortie de la réunion, illustrant les divergences persistantes entre les pays participants. L’Espagne a néanmoins évoqué la possibilité d’un embargo européen sur les armes à destination d’Israël et la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, si l’offensive devait se poursuivre.
Vers une nouvelle conférence à l’ONU
Cette réunion diplomatique à Madrid précède une autre échéance importante : une conférence de haut niveau sur la solution à deux États est prévue à la mi-juin au siège des Nations unies à New York. Elle sera coorganisée par la France et l’Arabie saoudite.
Le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a exprimé l’espoir d’y voir une participation active des États-Unis. « Nous espérons un engagement plus fort des Américains pour ramener la paix et la stabilité dans la région », a-t-il déclaré, tout en saluant leurs récents efforts pour négocier une trêve.
