Gaza : Rome et Madrid veulent « faire pression » sur Israël pour arrêter la guerre
Par : Amani H.
Alors qu’Israël a annoncé une nouvelle intensification de son offensive dans la bande de Gaza, les condamnations internationales, y compris celles venant de partenaires occidentaux historiques, se multiplient. Autrefois soutenu sans réserve dans le cadre de sa riposte aux attaques du Hamas, Benyamin Netanyahou fait aujourd’hui face à une pression diplomatique croissante. À l’occasion du sommet arabe ouvert ce samedi à Bagdad, plusieurs voix majeures de la scène mondiale ont exprimé leur opposition frontale à la politique israélienne actuelle, exigeant un cessez-le-feu immédiat et un accès humanitaire total à Gaza.
L’Espagne en première ligne diplomatique
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a pris une position particulièrement ferme. Quelques heures après l’annonce de la nouvelle phase offensive israélienne à Gaza, il a appelé la communauté internationale à exercer une pression directe sur Tel-Aviv afin de mettre fin au « massacre ». Depuis le 2 mars, Israël a en effet interdit l’entrée de toute aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, aggravant une crise déjà dramatique.
Pedro Sanchez a déclaré que l’Espagne déposerait un projet de résolution à l’ONU visant à saisir la Cour internationale de justice. L’objectif est que cette dernière se prononce sur la conformité d’Israël au regard de ses obligations internationales. Un deuxième projet de résolution, également porté par l’Espagne, exigera de manière explicite la fin du blocus humanitaire imposé à Gaza. Madrid entend ainsi traduire son soutien à la cause palestinienne par des actes diplomatiques concrets, après avoir officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024.
L’ONU tire la sonnette d’alarme
Présent lui aussi au sommet de Bagdad, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a lancé un appel solennel à la communauté internationale. Il s’est dit alarmé par les plans d’Israël d’élargir ses opérations terrestres à Gaza, une extension qui pourrait faire basculer une situation déjà catastrophique vers un désastre encore plus profond. Rappelant que plus de 50 000 personnes ont perdu la vie depuis octobre 2023, plus de 100 000 ont été blessées, et environ deux millions déplacées, Guterres a réclamé un cessez-le-feu permanent et immédiat, ainsi qu’un accès libre et total à l’aide humanitaire.
Un sommet arabe unifié autour de Gaza
Le sommet arabe de Bagdad s’est conclu par un communiqué final appelant la communauté internationale à intensifier ses pressions pour mettre fin à « l’effusion de sang » dans la bande de Gaza. Les pays membres ont également exhorté les institutions financières, tant régionales qu’internationales, à financer sans délai un vaste plan arabe de reconstruction du territoire palestinien.
Ce plan s’oppose clairement à la vision controversée évoquée récemment par l’ancien président américain Donald Trump. Ce dernier a, selon des fuites, exprimé l’ambition de transformer Gaza en une zone balnéaire surnommée « Riviera », un projet jugé irréaliste et cynique par la plupart des dirigeants arabes et les organisations humanitaires.
L’Égypte interpelle directement les États-Unis
Dans un appel sans équivoque, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est adressé publiquement à son homologue américain, l’enjoignant à intervenir. Il a invité les États-Unis, en tant que puissance se réclamant du maintien de la paix, à faire pression sur Israël pour instaurer un cessez-le-feu immédiat. L’Égypte, en tant qu’acteur central dans les négociations régionales et principal voisin de Gaza, reste préoccupée par le risque d’embrasement régional et les conséquences humanitaires du blocus.
L’Europe divisée mais de plus en plus critique
Si tous les États européens ne tiennent pas encore un discours aussi ferme que l’Espagne, les signes de rupture se multiplient. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré lors d’un déplacement en Sicile qu’il était temps de dire « ça suffit » au gouvernement israélien. Il a appelé à la libération des otages détenus par le Hamas mais aussi à la fin des attaques sur la population palestinienne, insistant sur le fait que celle-ci ne devait pas être tenue collectivement responsable des actes du groupe islamiste.
Une dynamique diplomatique en mutation
La multiplication de ces déclarations traduit une évolution du consensus international autour du conflit israélo-palestinien. Si Israël a bénéficié d’un soutien très large à l’automne 2023 après les attaques du Hamas, la poursuite des opérations militaires, le blocage prolongé de l’aide humanitaire et l’ampleur des pertes civiles à Gaza ont fait basculer de nombreuses opinions publiques et gouvernements.
Ce climat international nouveau pourrait isoler encore davantage le gouvernement Netanyahou, déjà confronté à de fortes tensions internes et à une contestation politique en Israël même. L’enjeu pour Tel-Aviv est désormais non seulement militaire, mais aussi diplomatique : convaincre que sa stratégie reste défendable face à un monde de plus en plus sceptique et solidaire des Palestiniens.