Crise à Goma : Le M23 et l’armée rwandaise dominent la ville alors qu’une rencontre cruciale se profile
La situation à Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), s’aggrave rapidement, avec le M23 et l’armée rwandaise occupant désormais presque toute la ville, à l’exception de quelques secteurs résiduels. Ce conflit, qui dure depuis des décennies, atteint un nouveau sommet avec la prise de contrôle des faubourgs et du centre de Goma, une ville stratégique de plus d’un million d’habitants.
Une rencontre cruciale pour tenter de désamorcer la crise
Convoquée par le Kenya, une rencontre entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame est prévue ce mercredi 29 janvier afin de tenter de résoudre cette crise qui secoue la région depuis des années. Le climat est tendu, avec des combats sporadiques et des pertes humaines considérables. Goma, un point névralgique de l’est de la RDC, semble désormais tombée aux mains des rebelles du M23 et des forces rwandaises.
Une occupation quasi totale
Les combats, qui ont débuté avec une intensité croissante, ont conduit à la prise de plusieurs points stratégiques. L’aéroport de Goma est tombé sous le contrôle des forces rebelles et rwandaises, et le siège du gouvernement provincial a également été pris. De nombreux soldats congolais ont abandonné leurs positions, certains se débarrassant de leurs uniformes pour éviter d’être capturés. Tandis que des combats faisaient rage, des civils sont sortis prudemment de leurs abris pour trouver de l’eau et de la nourriture, découvrant dans les rues de nombreux cadavres laissés par les affrontements. Le bilan humain est lourd : plus de cent morts et près d’un millier de blessés, selon les rapports des hôpitaux locaux.
Les tensions diplomatiques : Accusations de guerre et coupe des relations
La RDC accuse le Rwanda de soutenir activement le M23 dans cette offensive. Kinshasa a dénoncé ce qu’il appelle une « déclaration de guerre » de la part du Rwanda et a coupé toute relation diplomatique avec son voisin, rappelant ses diplomates. Le M23, quant à lui, évoque une lutte contre les groupes armés opérant en RDC, tandis que le Rwanda nie toute implication directe dans l’offensive. Dans un contexte de tension extrême, la situation reste incertaine, avec des forces internationales comme la mission de l’ONU (Monusco) et la force régionale d’Afrique australe (Samirdc) impliquées, mais elles subissent également des pertes importantes.
L’appel de la communauté internationale : La nécessité d’un cessez-le-feu
Le contexte de violence croissante dans l’est de la RDC a suscité des réactions de la communauté internationale. L’ONU, la Chine et l’Union européenne ont appelé Kigali à retirer ses forces et à cesser les hostilités. L’Union africaine a réitéré son soutien à l’intégrité territoriale de la RDC, bien qu’elle n’ait pas explicitement mentionné le Rwanda dans ses déclarations.
Le gouvernement rwandais, de son côté, a souligné les causes profondes de ce conflit, notamment le besoin d’un cessez-le-feu pour stopper l’escalade des violences. Le président Kagame a salué une « conversation productive » avec le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, appelant à une solution durable pour la région.
Escalade de la violence à Kinshasa
Mardi, la crise a pris une tournure inattendue à Kinshasa, où des manifestations violentes ont éclaté. Les manifestants, en colère contre l’impasse diplomatique et la violence grandissante à Goma, ont attaqué plusieurs ambassades étrangères, dont celles du Rwanda, de la France, de la Belgique et des États-Unis. Ces attaques ont exacerbé la situation et renforcé les appels internationaux en faveur d’un retour au dialogue. L’UE a fermement condamné ces actions, qualifiant ces violences d’ »inacceptables ».
Une crise humanitaire déjà grave
Outre la violence militaire, cette crise a déclenché une véritable catastrophe humanitaire. Plus d’un demi-million de personnes ont été déplacées depuis le début du mois de janvier, et la situation des réfugiés continue de se détériorer. Les Nations Unies rapportent que des bombardements ont frappé des camps de déplacés, tuant plusieurs civils. La situation humanitaire à Goma et dans ses environs est de plus en plus critique.
Le M23 et ses alliés : Un combat pour les ressources
Le M23, une rébellion qui a vu le jour en 2012, est un acteur clé dans ce conflit. Depuis fin 2021, les forces du M23 et l’armée rwandaise se sont emparées de vastes territoires dans la province du Nord-Kivu, y compris de nombreuses zones riches en ressources naturelles. L’une des raisons avancées par la RDC pour expliquer l’implication du Rwanda est le contrôle de ces ressources stratégiques, bien que Kigali ait rejeté cette accusation, soulignant les menaces posées par des groupes armés basés en RDC. La rivalité historique entre le Rwanda et l’Ouganda dans la région a également contribué à l’aggravation de la situation.
Un avenir incertain pour Goma et l’est de la RDC
La prise de Goma par les forces du M23 et l’armée rwandaise marque une nouvelle étape dans une crise qui dure depuis des décennies. L’issue de cette confrontation dépendra largement de la réussite des pourparlers entre les dirigeants congolais et rwandais, mais aussi du soutien international pour éviter une escalade encore plus catastrophique. La situation humanitaire et les tensions diplomatiques suggèrent que le chemin vers une paix durable semble encore lointain, et que de nombreuses vies continueront à être affectées par cette guerre sans fin.
