L’Iran condamne à mort le rappeur Amir Tataloo pour blasphème, une nouvelle étape dans la répression de la liberté d’expression
Par : Amani H.
Téhéran continue sa répression féroce contre la liberté d’expression, cette fois en condamnant à la peine capitale le rappeur Amir Tataloo, reconnu coupable de « blasphème ». Le tribunal iranien a validé la condamnation en appel, après que la Cour suprême ait accepté le recours du procureur contre une peine initiale de cinq ans de prison. Selon le journal réformiste Etemad, l’artiste a été condamné à mort pour des insultes à l’encontre du prophète Mahomet, bien que le jugement ne soit pas encore définitif et puisse faire l’objet d’un nouvel appel.
Âgé de 37 ans, Amir Tataloo est un pionnier du rap en Iran. Il a débuté sa carrière musicale au début des années 2000, mais a été contraint de s’exiler à Istanbul en 2018 après avoir échoué à obtenir une licence d’activité musicale en raison de la censure des autorités iraniennes. Son retour en Iran en 2024, après avoir été remis par la Turquie sur ordre d’un tribunal révolutionnaire de Téhéran, a marqué le début de son procès. Il faisait face à plusieurs accusations, dont « encourager la jeune génération à la prostitution », « faire de la propagande contre la République islamique » et « diffuser des contenus obscènes » à travers ses clips et chansons.
Tataloo a été arrêté à plusieurs reprises au cours des années, notamment en 2016 pour avoir « perturbé l’opinion publique ». Son image de rebelle a notamment fait scandale lorsqu’il a rencontré en 2017 le président ultra-conservateur Ebrahim Raïssi. En 2015, il avait aussi exprimé son soutien au programme nucléaire iranien dans une chanson, lors de la conclusion de l’accord nucléaire avec la communauté internationale. Son style de vie, marqué par des tatouages visibles et une image de provocateur, en fait une cible privilégiée pour le régime iranien, qui cherche à contrôler la culture populaire et limiter les voix dissidentes.
