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“Macron n’a pas pu résister aux pressions des partisans de la rupture avec l’Algérie.”

La redaction

Le professeur Hosni Abidi, professeur de relations internationales à l’Université de Genève, »dans un entretien accordé au journal El-Khabar, il a abordé qu’il estime que le président Macron n’a pas pu résister aux partisans de la rupture avec l’Algérie. Il considère que l’écart de la France par rapport à son équilibre sur le dossier du Sahara occidental a affaibli la position de Paris sur la scène internationale et entravé son rapprochement avec l’Algérie. De plus, l’exploitation politique du cas de Sensenal et des influenceurs français, accompagnée d’une escalade politique et médiatique, a rendu la crise actuelle la phase la plus dangereuse dans les relations entre les deux pays .

La relation entre l’Algérie et la France est exceptionnelle et ne ressemble à aucune autre, en raison de facteurs historiques, politiques et économiques. C’est une relation complexe qui, depuis l’indépendance, a connu plusieurs phases, entre fluidité et rapprochement, puis stagnation et divergence. Elle a aussi connu des hauts et des bas, en fonction de la nature des dirigeants politiques et de leurs orientations dans les deux pays.

Le facteur personnel a été décisif pour maintenir la nature des relations entre les deux pays. Ainsi, tous les présidents français et algériens ont veillé à ne pas confier le dossier algérien à des parties qui n’avaient pas la capacité suffisante, en gardant ce dossier dans des cercles restreints. L’actuelle crise entre les deux pays n’est pas une exception, mais elle se distingue des précédentes par son intensité et sa rapidité, passant de l’organisation de la visite du président Tebboune en France à la menace de sanctions françaises et à l’annulation de l’accord de 1968.

Il est vrai que cette crise est le fruit de facteurs accumulés, accompagnée de malentendus entre les deux pays, qui se sont aggravés avec le second mandat du président Macron, dans un contexte de fragilité du président et de son parti depuis la dissolution du Parlement français, ainsi que de l’ascension fulgurante de l’extrême droite, qui a atteint des postes sensibles au sein du Parlement et a renforcé son influence sur la prise de décision politique.

On peut dire que l’approche de la France depuis l’indépendance de l’Algérie a été de surmonter son passé colonial et d’insister pour que l’Algérie renonce à ses droits. Malgré ce différend qui a traversé tous les présidents français, l’Algérie a poursuivi sa coopération étroite avec la France, qui a atteint son apogée avec le président Macron, le premier président du génération de l’indépendance.

Le président Macron n’a pas pu résister aux partisans de la rupture avec l’Algérie après sa visite réussie en Algérie, qui s’est concrétisée par une visite de la moitié du gouvernement français en Algérie. La sortie de la France, sous la direction de Macron, de son équilibre sur le dossier du Sahara occidental a affaibli sa position internationale et freiné son rapprochement avec l’Algérie. L’exploitation politique du cas de Boualem Sansal et des influenceurs français, accompagnée d’une escalade politique et médiatique, a rendu la crise actuelle la plus grave que les relations entre les deux pays aient connue.

Comment interpréter les déclarations du ministre de l’Intérieur français Bruno Retailleau ?

Le ministre de l’Intérieur voulait obtenir une victoire politique devant les Français et renforcer sa position au sein du gouvernement, sans tenir compte des règles internationales. Ce ministre, issu d’un parti politique ayant obtenu seulement 7,41 % aux dernières élections législatives, cherche à affirmer son existence au détriment d’une relation essentielle entre les deux pays. Il fait face à un premier examen qui s’est transformé en une véritable crise avec l’Algérie, en raison de l’exploitation politique et électorale des relations entre la France et l’Algérie, ce qui a contribué à compliquer la situation au lieu de la gérer de manière administrative et judiciaire.

Je ne suis pas surpris par la volonté du ministre de politiser toute question liée à l’Algérie, qui refuse les diktats français dans ce domaine. Le 23 septembre 2024, Bruno Retailleau a annoncé qu’il voulait “utiliser tous les moyens pour limiter l’immigration”. Le ministre cherche à criminaliser le séjour irrégulier, un crime aboli par la France en vertu de la loi du 31 décembre 2012.

Le 8 octobre de l’année dernière, lors de son premier discours devant les responsables des départements, il a annoncé qu’il négociait avec l’Irak, le Kazakhstan et l’Égypte pour accueillir les ressortissants étrangers qu’il ne pouvait pas renvoyer de France vers leurs pays d’origine. Dans une circulaire envoyée aux préfets le 29 octobre 2024, le ministre a demandé aux préfectures de police “une mobilisation totale” pour “obtenir des résultats”.

Ce ministre, malheureusement, fuit la réalité. La France a un problème avec un certain nombre d’influenceurs résidant sur son sol, et non avec l’Algérie. Il a dépassé l’extrême droite par ses positions, car il tient à rester au gouvernement et à séduire l’extrême droite et l’extrême droite populiste.

Jusqu’où peut aller l’escalade française ?

Il s’agit de savoir comment la France gérera sa crise avec l’Algérie. Si elle revient à une gestion rationnelle des relations respectant les règles de coopération internationale, la crise peut être progressivement contenue, d’autant plus qu’il existe des voix françaises mécontentes de la gestion actuelle de la situation.

C’est pourquoi nous comprenons la proposition du ministre des Affaires étrangères français de visiter l’Algérie, ce qui devrait être ouvert à tous. Une politique de main tendue, loin des menaces et des avertissements, pourrait contenir la crise, qui ne sert les intérêts d’aucun des deux pays.

De plus, céder aux partisans de la rupture est une mauvaise option. L’extrême droite populiste attend ce moment pour obtenir des gains électoraux et politiques, tandis que d’autres pays espèrent que la détérioration des relations entre les deux pays se poursuive dans un contexte international et régional particulièrement sensible.

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