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Sénégal: Manifestations réprimées et report électoral

Le 9 février, à Dakar, les forces de sécurité ont violemment réprimé une tentative de rassemblement, marquant une journée de test du rapport de force entre le président Macky Sall, la société civile et l’opposition.
Cette mobilisation, la première d’ampleur depuis le report du scrutin présidentiel prévu le 25 février, a plongé le Sénégal dans une grave crise politique et une période d’incertitude. Les policiers en tenue anti-émeute ont utilisé du gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants d’accéder à la vaste esplanade de la place de la Nation, provoquant des affrontements et créant un nuage de fumée au-dessus de la zone. Tous les accès à la place étaient fermés et plusieurs axes importants de la capitale ainsi que l’autoroute ont été bloqués.
Des affrontements ont éclaté entre les manifestants et les forces de l’ordre, avec des jets de pierres et l’érection de barricades faites de planches et de pierres, ainsi que l’incendie de pneus. Les heurts se sont étendus à d’autres quartiers de la capitale, tandis que des manifestations ont également été signalées dans d’autres villes du pays.
L’opposition a vivement réagi, qualifiant le report de la présidentielle de « coup d’État constitutionnel » et accusant le président Sall de vouloir se maintenir au pouvoir. Un collectif de 14 candidats de l’opposition a déposé un recours devant la Cour suprême pour contester cette décision.
Depuis l’annonce du report de l’élection présidentielle au Sénégal, les tentatives de manifestations ont été sévèrement réprimées, entraînant des dizaines d’arrestations. Les autorités ont régulièrement interdit de telles manifestations au cours des dernières années, avec des épisodes de contestation ayant entraîné des pertes humaines et des centaines d’arrestations depuis 2021. Malgré cela, le collectif Aar Sunu Election prévoit une nouvelle manifestation mardi, affirmant son intention de protester pacifiquement tout en maintenant son indépendance. Plusieurs candidats à la présidentielle, sur les 20 retenus par le Conseil constitutionnel, ont exprimé leur souhait de s’aligner avec la société civile contre le changement de calendrier électoral. Le report de l’élection, approuvé par l’Assemblée nationale le 5 février, maintient Macky Sall au pouvoir jusqu’à l’entrée en fonction de son successeur, probablement début 2025. Bien que son deuxième mandat ait officiellement pris fin le 2 avril, le président Sall a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement de ne pas se représenter, soulignant sa volonté d’engager un processus de réconciliation dans un contexte de grave crise politique.

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