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LES GATEAUX TRADITIONNELS, UN PATRIMOINE A PRESERVER LES FRERES BENAÏSSA FONT HONNEUR

Par . N . Benouar

Pour tout constantinois qui se respecte, la famille Benaïssa reste une famille qui compte beaucoup puisqu’elle se confond avec l’histoire même de la cité. Déjà, lors de la prise de Constantine, les clés de la ville devaient être remises aux nouveaux maîtres de la viles, les français en l’occurrence et cela devait durer pratiquement cent vingt cinq années et c’est un Benaïssa qui s’est occupé de cette tâche du fait qu’il était le premier responsable de cette cité. Lors de l’indépendance du pays en 1962, ce sera un autre Benaïssa qui va récupérer les clés de la ville, c’est dire tout le poids d’une famille qui a su sauvegarder une image réconfortante d’une cité qui a toujours receler en son sein des hommes et des femmes, à jamais inscrits dans le panthéon constantinois.

Plus encore, le nom «  Benaïssa » n’est pas sans nous rappeler un grand nom de la musique soufi d’où la confrérie des « Aïssaouas » et dont la ville de Constantine s’est approprié une bonne partie de son répertoire mais plus extraordinaire encore, certains de ses adeptes de la confrérie ont brillé par leurs connaissances dans le domaine soufi où ils sont devenus les maîtres incontesté de ce qui se déroule dans une « Hadra » à travers de ce qu’on appelle «  Elaab » «  les jeux ». Cette attraction, au demeurant fort impressionnante se déroule à partir d’une transe commune où l’on voit des personnes effectuer des tours incroyables à l’image du «  clou » que l’on enfonce sur un crâne sans qu’il n’y ait la moindre goute de sang et les constantinois devenaient maîtres de ces jeux, une suprématie reconnue par l’ensemble de la communauté sur tout le Maghreb, voire plus.

C’est ainsi à travers les dédales de la vieille ville, Souika en l’occurrence que nous avons été attiré par de fortes odeurs de pâtisseries traditionnels aux couleurs vives où le rouge, l’oranger sont prédominants. On ne pouvait s’empêcher de faire une halte, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et même des oreilles puisque cette halte est devenue une belle histoire ramadhanesque.

Déjà que l’on se retrouve dans l’un des quartiers mythiques de Souika, Sidi Bouanaba en l’occurrence et surtout captivé par un décors si raffiné seyant à ce commerce de circonstances durant un mois tout aussi exceptionnel pour voir une transformation dans les habitudes des gens se métamorphoser complètement au même titre que certains endroits et autres lieus de la ville qui reprennent des couleurs et semblent se réincarner le temps d’un mois de jeûne où le mysticisme devient roi et que tout ce beau monde se retrouve des airs d’artistes.

Et comme la musique ne doit pas être loin, voilà que ces pâtissiers, bien imprégnés de tous ces airs, ne pouvaient faire abstraction du malouf et c’est le chantre, Ahmed Aouabdi qui interprétait une qacida très prisée « Aouel ma nebda elqasa », magistralement interprétée et reprise en cœur par tous ces clients qui semblent à leur tour présents dans ce concert virtuel. En réalité, ces messieurs et quelques dames, sont venus pour se ressourcer auprès de ces senteurs, ces lieux et mêmes auprès des gens que l’on n’a pas vus depuis, au moins une année. Et comme la confiserie devenait le trait d’union de toutes ces sensations, les rencontres deviennent carrément des pièces de théâtre où chacun est à la fois acteur et spectateur mais le tout est dans une liesse incommensurable.

Pendant ce temps, les Benaïssa s’attèlent à produire un maximum de leurs pâtisserie du fait que la demande est importante et que chacun se doit de ramener un bout à la maison non sans cette odeur de Souika, entremêlée de Malouf sur fond de retrouvailles bien chaudes.

Ce qui reste davantage conviviale en ces lieux, c’est le sourire affiché par tout le monde et c’est cette symbiose qui s’installe dans tous les esprits avec un cachet si particulier, celui des vrais enfants de la ville qui se remémorent toute une jeunesse avec tous ces jeux ludiques que l’on ne retrouve plus.

De ce fait, un grand merci à tous ces occupants de la vielle ville qui tentent vaille que vaille à pérenniser une ambiance durant un mois que nous voulons conserver pour notre bien être à l’instar de toutes les grandes villes du pays, c’est cela la patrimoine qu’il faut préserver sauf que pour ce faire, il faut des hommes et des femmes bien déterminés et là c’est une toute autre histoire.

Bravo Mehdi, Ahmed et Abdelkrim sans oublier le grand et l’inénarrable Driss Amine Khodja, le seul et unique dinandier de la ville.

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