éditorial 

L’angoisse du couffin vide

Dans un pays qui s’était cru riche et qui devrait vouer une gratitude émerveillée aux entrailles de son sous-sol, peu de personnes travaillent à le nourrir. Dans ce pays, remplir le couffin devient supplice et mission impossible pour les plus humbles. Pour tromper l’angoisse du couffin à remplir, on parle religion, politique, football, ou plutôt, on ne parle plus. On se lamente devant les coquetteries de la pomme de terre qui joue les divas et l’on est prêt à l’émeute pour conjurer le départ précipité et définitif des produits exotiques. Des jeunes et des moins jeunes, hommes et femmes minés par l’angoisse du couffin, rêvent d’eldorados mythiques, alors que l’Occident est si peu enclin à les accueillir. Un monsieur, dont le nom m’échappe exige de son pays qu’il fasse du patriotisme économique et du protectionnisme intelligent. Mais nous n’avons rien à protéger car nous ne fabriquons rien. Nous ne produisons rien. On s’est réjoui de la révolution moderne à laquelle nous ne contribuons que comme ventre à rassasier. Désarmés moralement, nous faisons commerce du religieux, nous travestissant, nous expurgeant de nos accointances d’origine, devenus non pas société mais collections d’individus confrontés à l’équation du couffin.

“Tout ce que nous entendons n’est qu’une opinion, pas les faits. Tout ce que nous voyons n’est qu’une perspective, pas la vérité”. Est-ce que c’était mieux avant?
Retombons en enfance et demandons à notre imagination de falsifier nos souvenirs.

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