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La vase des barrages : une richesse d’un milliard de tonnes freinée par un vide juridique

L’Algérie dispose d’un important réseau de barrages hydrauliques qui constitue une véritable richesse économique, susceptible d’être valorisée dans plusieurs secteurs, notamment l’industrie, les matériaux de construction et l’énergie. Toutefois, l’absence d’un cadre juridique clair continue de freiner l’exploitation optimale de ces ressources.

81 barrages pour une capacité de 9 milliards de mètres cubes

Le directeur général de l’Agence nationale des barrages, Abdelatif Azira, a indiqué que l’Algérie compte actuellement 81 barrages répartis à travers le territoire national, avec une capacité globale de stockage estimée à 9 milliards de mètres cubes d’eau.

Un milliard de tonnes de vase, un potentiel industriel inexploité

En raison de ce vaste réseau hydraulique, les retenues d’eau algériennes renferment des quantités considérables de vase de barrage, évaluées à près d’un milliard de tonnes. Cette matière première représente un gisement industriel important, notamment pour la production de ciment et de matériaux de construction.

Selon Abdelatif Azira, les essais préliminaires ont démontré que la vase des barrages présente des caractéristiques techniques supérieures à celles de l’argile issue des carrières, en particulier une teneur réduite en dioxyde de carbone, ne dépassant pas 40 %. Cette spécificité la rend plus performante pour l’industrie cimentière. Elle peut également être utilisée dans la fabrication de briques, de céramiques et de produits en terre cuite.

Le vide juridique, principal obstacle à la valorisation

Malgré ces potentialités, le responsable de l’Agence nationale des barrages a déploré l’impossibilité actuelle d’exploiter pleinement cette ressource stratégique, en raison de l’absence de textes réglementaires encadrant son utilisation. Ce vide juridique empêche notamment la conclusion de contrats de partenariat avec des entreprises industrielles spécialisées.

À cet effet, des ateliers de travail conjoints ont été mis en place avec les ministères de l’Environnement et de l’Industrie, dans le but d’élaborer des textes législatifs et réglementaires permettant la valorisation économique de la vase des barrages.

Un taux de remplissage des barrages limité à 33 %

Concernant la situation hydrique nationale, Abdelatif Azira a précisé que les réserves actuelles d’eau dans les barrages atteignent environ 2,6 milliards de mètres cubes, soit un taux de remplissage global de 33 %, inférieur à la moyenne habituelle. Une amélioration est toutefois attendue durant la saison hivernale.

Six nouveaux barrages en cours de réalisation

Dans le cadre du renforcement de la sécurité hydrique, l’Algérie travaille actuellement à la réalisation de six nouveaux barrages. Il s’agit notamment des barrages de Sidi Khalifa et Souk El Tleta dans la wilaya de Tizi Ouzou, Bouhdid à Annaba, Djedra à Souk Ahras, Lazraq à Khenchela, ainsi que Boukhrôfa. Les travaux connaissent, selon la même source, une avancée notable.

Des panneaux solaires flottants pour limiter l’évaporation

Enfin, dans une démarche innovante, le directeur général de l’Agence nationale des barrages a révélé le lancement d’un projet en partenariat avec l’Université de Constantine, visant l’installation de panneaux solaires flottants à la surface des barrages. Cette solution permettra de réduire l’évaporation des eaux tout en augmentant la production d’électricité solaire, avec un rendement supérieur à celui des installations terrestres.

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