Un plan d’urgence pour gérer la surproduction agricole
Face aux pertes croissantes causées par la surproduction de certaines filières agricoles, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a demandé hier au Conseil des ministres la mise en place de mesures d’urgence pour protéger les agriculteurs.
Lors de la réunion, le chef de l’État a insisté sur la nécessité d’éviter aux producteurs les conséquences financières désastreuses d’une production excédentaire. Il a ainsi ordonné aux ministres de l’Agriculture et de l’Intérieur de coordonner leurs actions afin de mettre en place « divers mécanismes et procédures nécessaires » pour limiter les pertes. Parmi les solutions préconisées figure notamment le recours au stockage des excédents, destiné à stabiliser les prix sur le marché intérieur.
La surproduction touche plusieurs filières stratégiques, telles que l’oignon, les agrumes, la pomme de terre, l’ail, la pastèque ou encore l’œuf. Bien que signe de vitalité du secteur agricole, cette abondance entraîne un effondrement des prix, rendant les récoltes parfois invendables. L’origine de cette situation réside en partie dans les politiques publiques ayant favorisé la production, notamment la loi sur l’Accession à la propriété foncière agricole (APFA), le Plan national de développement agricole (PNDA) et l’augmentation des subventions sur les engrais.
La réalité du terrain est criante. À El Oued, le kilo d’oignon est tombé à seulement 5 dinars, un niveau économiquement insoutenable. À Aflou (Laghouat), la production record de pomme de terre dépasse la capacité d’absorption du marché national, mettant en péril les revenus des producteurs de Bouira ou d’Oued Souf.
Pour remédier à cette crise, les pouvoirs publics misent sur deux leviers principaux : le stockage et l’exportation. Le développement des chambres froides permettra de conserver les produits périssables et de lisser l’offre sur l’année. Parallèlement, l’État encourage l’exportation avec des aides financières pouvant couvrir jusqu’à 50 % des frais engagés. Des opérations récentes, comme l’expédition de plus de 4 500 quintaux d’oignon vers plusieurs pays africains et européens, ou l’exportation de 110 000 quintaux d’ail vers le Royaume-Uni, illustrent cette stratégie.
L’intervention publique directe, telle que l’achat régulateur de pommes par l’Entreprise publique méditerranéenne de réfrigération à un prix plancher, permet également de constituer des stocks stratégiques pour stabiliser les prix et protéger producteurs et consommateurs.
Face à cette abondance destructrice, la décision présidentielle marque un tournant vers une gestion plus structurée et protectrice du secteur agricole, considéré comme un pilier essentiel de la sécurité nationale.
