nat 5Actualités Santé 

Progression alarmante des maladies allergiques et de l’asthme en Algérie

Les maladies allergiques et l’asthme connaissent une progression inquiétante en Algérie, au point de s’imposer comme une réalité sanitaire quotidienne pour un nombre croissant de citoyens. Éternuements persistants, difficultés respiratoires, toux chronique : ce qui était autrefois perçu comme un trouble saisonnier est désormais un phénomène durable, étroitement lié aux mutations climatiques et environnementales.

Cette alerte a été largement partagée par les spécialistes réunis à Alger lors du premier Congrès de l’Académie arabe des maladies allergiques, de l’asthme et de l’immunologie, organisé conjointement avec le 9ᵉ Congrès national de l’Académie algérienne des sciences des maladies allergiques et de l’immunologie, avec la participation d’experts issus de douze pays arabes.

Selon le professeur Merzak Ghernaout, vice-président de l’Académie algérienne des maladies allergiques et de l’immunologie clinique et vice-président de la Ligue arabe des maladies allergiques, les données sanitaires révèlent une hausse sans précédent des cas d’allergies et d’asthme. Cette évolution ne s’explique plus uniquement par des facteurs génétiques, mais surtout par le changement climatique, l’augmentation des émissions polluantes, la dégradation de la qualité de l’air et l’évolution des habitudes alimentaires.

Le spécialiste explique que la saison des allergies, autrefois limitée à quelques semaines, s’étend aujourd’hui sur plusieurs mois. La hausse des températures et l’augmentation du dioxyde de carbone favorisent une production accrue et prolongée de pollen, plaçant le système respiratoire humain dans un état de vigilance permanente face à des niveaux inédits d’allergènes.

Le professeur Ghernaout met également en garde contre un phénomène de plus en plus observé à travers le monde : l’« asthme des orages ». Ces épisodes climatiques violents fragmentent les grains de pollen en particules microscopiques capables de pénétrer profondément dans les poumons, déclenchant des crises d’asthme sévères pouvant conduire à l’hospitalisation, voire au décès dans certains cas.

À cela s’ajoute l’effet aggravant de la pollution industrielle et des feux de forêt, dont les particules interagissent avec les allergènes et accentuent leur nocivité. Dans plusieurs villes algériennes, la combinaison de températures élevées et d’un air fortement pollué se traduit par une recrudescence notable des maladies respiratoires, constituant un véritable défi sanitaire et économique.

Les enfants figurent parmi les populations les plus vulnérables, leurs poumons étant particulièrement sensibles aux polluants atmosphériques. Les personnes âgées et les patients atteints d’asthme chronique, quant à eux, livrent désormais un combat quotidien contre un air qu’ils respiraient autrefois sans inquiétude. « Le changement climatique agit en silence, mais il laisse son empreinte dans chaque respiration », résume le spécialiste.

Les projections scientifiques sont préoccupantes. L’Organisation mondiale de la santé estime que près de 50 % de la population mondiale pourrait souffrir d’allergies d’ici 2050, tandis qu’environ 350 millions de personnes vivent déjà avec l’asthme. Sans mesures structurelles visant à réduire les émissions polluantes, lutter contre le tabagisme et renforcer le contrôle de la qualité de l’air, la tendance devrait se poursuivre.

Dans ce contexte, la tenue à Alger de ce congrès arabe revêt une importance particulière. Pour le professeur Ghernaout, la participation de douze pays arabes et la présence du président de l’Organisation mondiale de l’allergie témoignent de la place scientifique grandissante de l’Algérie dans ce domaine. L’événement vise à renforcer la coopération régionale, développer la recherche, améliorer la formation médicale et promouvoir l’utilisation des thérapies biologiques innovantes dans le traitement de l’asthme, de l’eczéma et d’autres pathologies allergiques.

Les travaux abordent également les allergies alimentaires, médicamenteuses et cutanées, tout en soulignant que les facteurs environnementaux et climatiques demeurent au cœur de leur expansion. Les experts espèrent que la mutualisation des efforts, le partage d’expertises et l’intégration des nouvelles technologies permettront d’élaborer des réponses communes à un enjeu de santé publique majeur.

Lors de l’ouverture du congrès, le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Mesoudane, a estimé que cette rencontre constitue une étape déterminante vers la promotion de la recherche scientifique, l’harmonisation des pratiques diagnostiques et thérapeutiques, la création d’un réseau arabe de centres de référence et le lancement d’un registre arabe des maladies allergiques et immunologiques.

Articles relatifs

Leave a Comment