Trois mégaprojets miniers pour porter la diversification économique
Alors que la fin d’année approche, le président de la République prépare les Algériens à célébrer un jalon majeur : la réception officielle de la ligne ferroviaire Béchar–Tindouf–Ghar Djebilet, infrastructure stratégique qui parachève l’un des projets les plus ambitieux du pays. Cette voie ferrée donnera le coup d’envoi à l’exploitation à grande échelle de Ghar Djebilet, l’un des plus vastes gisements de fer de la planète, dont les réserves dépassent 3,5 milliards de tonnes.
Ce mégaprojet marque une nouvelle étape dans la stratégie nationale de diversification économique. Une immense zone industrielle de 1 004 hectares est en cours d’aménagement à Béchar pour accueillir les unités de traitement du minerai. Dès juillet prochain, les premières installations industrielles seront opérationnelles, avec la présence attendue de groupes internationaux, notamment le géant turc Tosyali et plusieurs entreprises chinoises.
À terme, Ghar Djebilet devrait produire entre 40 et 50 millions de tonnes de fer par an, une capacité qui permettra non seulement de réduire les importations de matières premières sidérurgiques à hauteur de 1,5 à 2 milliards de dollars, mais également de générer de substantielles recettes en devises grâce à la transformation locale du minerai.
Bab El Hadba : le phosphate algérien en route vers les marchés mondiaux
Le deuxième chantier structurant se situe à Bab El Hadba, où le développement du gigantesque gisement de phosphate progresse sur un rythme similaire. La ligne ferroviaire dédiée est en phase finale, et la mise en service du projet est attendue, elle aussi, d’ici la fin de l’année.
Fort de plus de 1,2 milliard de tonnes de réserves, le site vise une production annuelle de 10,5 millions de tonnes de phosphate brut à pleine capacité. Autour de la mine, une véritable industrie de transformation est en train d’émerger. Plusieurs entreprises étrangères projettent d’implanter des unités destinées à produire des dérivés du phosphate, notamment des engrais, un marché en pleine expansion au niveau mondial.
Une fois le complexe totalement opérationnel, l’Algérie pourrait se hisser parmi les plus grands exportateurs internationaux d’engrais, bénéficiant d’un avantage concurrentiel lié à des coûts de production très compétitifs. Une perspective stratégique pour l’agriculture africaine, dont les besoins explosent.
Oued Amizour : la troisième pierre d’un édifice industriel
Le triptyque minier est complété par le projet de zinc et de plomb d’Oued Amizour, à Tala Hamza (Béjaïa), dont l’entrée en production est prévue au début de l’année prochaine. Ce gisement, riche de 34 millions de tonnes de réserves exploitables, devrait fournir annuellement 170 000 tonnes de concentré de zinc et 30 000 tonnes de plomb.
À l’image des deux autres projets, il repose sur une approche intégrée : extraction, traitement et valorisation sur place. Son démarrage viendra renforcer l’image d’une Algérie minière moderne, tournée vers la transformation et non plus la simple exportation de matières premières.
Une nouvelle vitrine pour l’Algérie sur les marchés internationaux
Ces trois mégaprojets — fer, phosphate et zinc — constituent les phares de la nouvelle stratégie minière algérienne. Leur montée en puissance placera les produits “Made in Algeria” dans des ports du monde entier : Europe, Asie, Amérique et Afrique.
Avec la récente révision du code minier, conçue pour offrir davantage de garanties aux investisseurs tout en préservant les intérêts de l’État, les autorités préparent une offensive internationale visant à promouvoir le potentiel du sous-sol algérien.
Et les nouvelles perspectives ne manquent pas : silicium, terres rares, lithium… Ce dernier est déjà au centre de projets prometteurs, portés notamment par le professeur Karim Zaghib, figure internationale des batteries et reçu récemment par le président de la République. Parallèlement, des partenariats se multiplient, comme la rencontre entre la secrétaire d’État à l’Industrie et aux Mines Karima Bakir Tafer et des experts canadiens et sud-africains.
Un horizon 2030 placé sous le signe de la transformation
Selon les projections officielles, le secteur minier algérien pourrait figurer d’ici 2030 parmi les plus performants au monde, grâce à l’intégration d’unités de transformation créatrices de valeur ajoutée et d’emplois qualifiés.
En misant sur l’industrialisation locale, la diversification et l’exportation, l’Algérie s’engage dans une nouvelle phase de son développement économique — un virage stratégique qui pourrait redéfinir sa place dans l’économie mondiale.
