Démantèlement d’un réseau de cocaïne à Annaba : de lourdes peines prononcées et révélations sur des liaisons avec des barons marocains
La Cour d’assises d’Annaba a condamné, lundi soir, le chef d’un réseau criminel spécialisé dans la vente de cocaïne ainsi que cinq autres accusés à des peines allant de 12 à 15 ans de prison ferme, tandis que d’autres prévenus ont été acquittés. Le parquet avait initialement requis la réclusion criminelle à perpétuité à l’encontre des principaux mis en cause.
Les accusés étaient poursuivis pour plusieurs chefs de crimes majeurs : importation illicite de drogues dures, constitution d’un réseau criminel organisé, trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent dans le cadre d’une organisation structurée.
Des connexions confirmées avec des barons marocains
Selon l’ordonnance de renvoi, l’affaire remonte à fin novembre 2024, lorsque les services de sécurité ont obtenu des informations faisant état d’un réseau opérant à Annaba et dans des wilayas voisines, impliqué dans l’introduction et la distribution de cocaïne.
Les enquêtes ont révélé des contacts directs et récurrents entre les membres de ce réseau et des trafiquants influents basés au Maroc.
Les investigations ont également mis en évidence l’utilisation par les trafiquants de moyens de communication fortement chiffrés, notamment des applications sécurisées, afin d’échapper à la surveillance électronique et d’assurer la discrétion de leurs échanges.
Arrestation du chef de réseau en flagrant délit
Le principal accusé, originaire de Bouhadjar (wilaya d’El Tarf) mais établi à Annaba, utilisait un appartement situé à Sidi Achour comme base logistique pour ses activités.
Suivi de près par les services de sécurité, il a été interpellé le 1er novembre 2024 près de la place de la Révolution alors qu’il transportait de la cocaïne et une somme dépassant 900 millions de centimes, à bord d’un véhicule de luxe.
La perquisition de son domicile, autorisée par la justice, a permis de saisir :
- 500 grammes de cocaïne,
- des quantités d’ecstasy,
- du matériel de conditionnement,
- un balance électronique et des emballages utilisés pour la préparation des doses.
Un réseau structuré et un vaste système de blanchiment d’argent
Les garde-à-vue et les auditions ont permis de mettre au jour les ramifications du groupe, qui comprenait des individus originaires d’Annaba, El Tarf, Constantine et Oum El Bouaghi. Les enquêteurs ont établi que le réseau procédait également à un blanchiment systématique des profits tirés du trafic de cocaïne.
Les fonds illicites étaient recyclés par :
- l’achat de biens immobiliers,
- l’ouverture de commerces (pièces détachées, ateliers mécaniques, boulangeries),
- l’acquisition de véhicules haut de gamme redistribués au sein des familles des mis en cause.
Ce dossier, l’un des plus importants traités récemment dans la région, illustre la montée en puissance de réseaux transfrontaliers et l’usage croissant de technologies avancées pour dissimuler des activités criminelles.
