La galerie Racim dévoile une rare collection de tableaux orientalistes et algériens
La galerie Racim propose au public, jusqu’au 23 novembre, une immersion exceptionnelle dans un patrimoine pictural souvent méconnu. Une centaine d’œuvres, principalement issues du courant orientaliste, y sont exposées et mises en vente à quelques pas de la Grande-Poste.
Si Badr Eddine Messikh est lui-même peintre, ce n’est pas pour présenter ses créations qu’il a quitté Skikda, mais pour partager une partie de sa précieuse collection, héritée de son frère aîné. « Depuis les années 1980, il achetait en Algérie comme en France tout ce qui touchait à notre pays. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus conserver une telle richesse », explique-t-il. Parmi ces œuvres, figurent également des tableaux de peintres algériens tels que Moncef Guita, Ziani, Zerarti ou Chegrane.
Un siècle de regards artistiques sur l’Algérie
Les murs de la galerie sont tapissés d’œuvres qui reflètent l’intérêt profond des peintres orientalistes pour la lumière, les paysages et les scènes traditionnelles algériennes : fantasia, danses, campements nomades, métiers d’antan… Certaines lithographies remontent aux premières années suivant l’arrivée des troupes françaises à Alger.
Si Nacer Eddine Dinet est sans doute le plus connu du grand public, Messikh rappelle qu’il n’est pas le seul représentant majeur du courant. Gadiera Louis, Maxime Noire — voyageur infatigable disparu en 1927 — ou encore Alphonse Birck figurent parmi les artistes présents dans la collection. On y découvre notamment une aquarelle intitulée Lavandières, peinte au bord de l’oued de Bou Saâda. Les lieux emblématiques comme la Casbah d’Alger, Constantine ou les oasis sahariennes sont largement représentés. La collection comprend aussi un portrait d’un couple en habits traditionnels signé Miloud Boukerche (1908-1978).
Un patrimoine précieux face à un marché quasi inexistant
Côté prix, Messikh se montre transparent : « Les œuvres les moins chères sont à 65 000 DA. La majorité se situe entre 30 et 40 millions de centimes. » La pièce maîtresse de l’exposition est un tableau de Maurice Bompard (1857-1936), séduit par la beauté de villes comme Venise ou Biskra. L’œuvre, représentant un campement en fête, est estimée à 300 millions de centimes. « Elle est unique et introuvable », insiste le collectionneur, qui garantit l’authenticité de chaque pièce.
Messikh regrette cependant l’absence d’un véritable marché de l’art en Algérie, ainsi que le manque d’espaces d’exposition dans des villes importantes comme Skikda. Il espère que des institutions publiques, notamment les musées, saisiront cette opportunité pour enrichir leurs collections.
Au Musée des beaux-arts d’Alger, un espace est bien dédié à l’orientalisme, accueillant même des œuvres majeures comme celles de Delacroix. « Mais ils n’ont pas tout », observe-t-il, en espérant que certaines de ses pièces puissent un jour rejoindre les collections nationales.
