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Libye : Alger, Tunis et Le Caire veulent briser l’impasse politique

Les chefs de la diplomatie algérienne, tunisienne et égyptienne se sont retrouvés, ce jeudi à Alger, pour tenter de relancer la dynamique régionale autour du dossier libyen. Cette réunion ministérielle du mécanisme tripartite s’inscrit dans un contexte d’essoufflement des initiatives internationales et de persistance de la division institutionnelle en Libye. Objectif : reconstruire une approche concertée entre voisins, stabiliser les frontières et soutenir un processus politique véritablement libyo-libyen.

Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a accueilli ses homologues tunisien Mhamed Ali Nafti et égyptien Badr Abdelatty, ainsi que le Premier ministre libyen Abdelhamid Dbeibah, invité à prendre part aux discussions. La veille, les représentants des trois pays avaient été reçus par le président Abdelmadjid Tebboune à El Mouradia, un geste diplomatique fort illustrant l’importance accordée par Alger à cette concertation régionale.

Lors d’un point de presse, le ministre tunisien des Affaires étrangères a souligné la « convergence de vues » entre le président Kaïs Saïed et son homologue algérien autour de deux priorités : le retrait des ingérences étrangères et la relance du processus politique inclusif en Libye.


Le mécanisme tripartite relancé

Suspendu plusieurs années, le mécanisme de concertation entre l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte avait été réactivé en mai dernier au Caire, marquant un retour à une approche commune après une longue période d’initiatives dispersées.

Le communiqué adopté lors de la réunion du Caire appelait à mettre fin à la division institutionnelle, unifier les structures de l’État libyen et organiser des élections présidentielles et législatives simultanées. Il réaffirmait également le rejet de toute ingérence étrangère et la nécessité de sécuriser les frontières partagées avec la Libye. La rencontre d’Alger prolonge cette démarche et vise à transformer les engagements politiques en actions concrètes.


Le rôle diplomatique d’Alger

À l’ONU, l’Algérie s’emploie depuis plusieurs mois à replacer la question libyenne au centre des priorités internationales. Son représentant permanent, Amar Bendjama, a multiplié les interventions au nom du groupe africain A3+ (Algérie, Sierra Leone, Guyana et Somalie), plaidant pour une solution libyenne souveraine, fondée sur la fin du flux d’armes, le retrait des mercenaires et la levée du gel des avoirs libyens.

Alger insiste sur la nécessité de restaurer des institutions légitimes, d’organiser des élections crédibles et de permettre au peuple libyen de reprendre le contrôle de ses ressources. La diplomatie algérienne appelle également le Conseil de sécurité à passer d’une simple gestion de crise à un engagement plus ferme contre les acteurs qui entravent le processus politique.


Des leviers économiques et sécuritaires à consolider

Au-delà du champ politique, les discussions ont porté sur les aspects économiques et techniques de la stabilisation. La réunification de la Banque centrale de Libye, intervenue en août 2023, constitue l’une des rares avancées concrètes vers l’unité institutionnelle. Elle est considérée comme un préambule essentiel à la stabilisation des revenus pétroliers et à la reconstruction d’une politique budgétaire unifiée.

Le gouvernement de Dbeibah, avec l’appui de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL), s’est engagé à renforcer la transparence financière, à auditer les comptes publics et à mettre en place des mécanismes de contrôle sur les contrats pétroliers et les dépenses publiques.

Parallèlement, les trois pays voisins souhaitent soutenir le cessez-le-feu, appuyer la Commission militaire conjointe 5+5 et préparer le retrait progressif des combattants étrangers, conformément aux engagements pris dans les cadres africain et onusien.


Vers une feuille de route régionale ?

Pour Alger, la stabilité de la Libye conditionne celle de toute la région. L’enjeu de cette réunion ministérielle est de convertir le consensus politique en une feuille de route réaliste, combinant coordination sécuritaire, accompagnement institutionnel et soutien diplomatique.

Reste à savoir si ce nouvel élan parviendra à dépasser les déclarations d’intention et à enclencher un véritable processus de réconciliation dans un pays encore fragmenté par les rivalités internes, la concurrence des puissances étrangères et la lassitude d’une population en quête de stabilité.

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