Un vibrant hommage à Mohamed Aksouh au Musée national des Beaux-Arts
Le Musée national des Beaux-Arts d’Alger accueille, depuis ce mercredi, une exposition-hommage consacrée à Mohamed Aksouh, figure majeure des arts plastiques algériens. Organisée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), l’initiative rend justice à l’un des pionniers de l’art moderne algérien, longtemps absent de la scène artistique nationale.
Intitulée « Aksouh au pays de la lumière », l’exposition — visible jusqu’au 30 octobre — rassemble une quinzaine d’œuvres récentes de l’artiste, accompagnées de documents d’archives, de coupures de presse et de deux films documentaires retraçant son parcours : « Aksouh, Jardin des toiles » de Hamid Benamara et « Mohamed Aksouh, peintre des deux rives » de Hamma Meliani.
Lors de l’inauguration, le directeur général de l’AARC, Réda Faci, a salué « l’immense contribution de Mohamed Aksouh à la construction d’une esthétique algérienne moderne ». Visiblement ému par cette reconnaissance, l’artiste s’est déclaré « très heureux et touché par cet hommage », marquant son grand retour en Algérie après une longue absence — sa dernière exposition remonte à 1965.
Un parcours d’exception
Né en 1934 à Bologhine, Mohamed Aksouh est un autodidacte au parcours singulier. Forgeron de métier, il découvre les arts plastiques à la Maison des jeunes d’Hussein Dey dans les années 1950, où il pratique la poterie, la céramique, la sculpture et la peinture. Il participe au Premier salon de l’indépendance en 1962 et devient membre fondateur de l’Union des arts plastiques.
Installé à Paris depuis 1965, il poursuit sa carrière artistique tout en continuant à exercer le métier de forgeron pour subvenir à ses besoins. Aksouh développe une œuvre non figurative, marquée par une quête de liberté formelle, d’intensité lumineuse et de profondeur spirituelle. Il expose en Europe, dans le monde arabe, et obtient en 2007 le Premier prix de la biennale des artistes orientaux à Sharjah.
Un retour attendu et salué
Le commissaire de l’exposition, Ahmed Chaouki Adjali, insiste sur le caractère historique de cette rétrospective, mettant en lumière l’œuvre d’un artiste contemporain de Khadda, Issiakhem ou encore Benanteur. « Aksouh est un chaînon essentiel de l’histoire des arts plastiques algériens », a-t-il rappelé.
De son côté, Meriem Aitelhara, responsable des arts visuels à l’AARC, a souligné que le choix du Musée national des Beaux-Arts s’imposait : « C’est un lieu à la hauteur de ce que représente Mohamed Aksouh pour l’art algérien. »
Avec cette exposition, l’Algérie rend hommage à un homme de silence et de matière, un bâtisseur d’images et de sens, dont l’œuvre résonne aujourd’hui avec une intensité intacte. Une invitation à redécouvrir un artiste rare, discret, mais profondément enraciné dans l’histoire artistique et spirituelle du pays.
