L’Algérie déploie un système d’alerte précoce pour lutter contre les maladies virales transmises par le moustique-tigre
Alger, octobre 2025 – Face à la recrudescence inquiétante du moustique-tigre Aedes albopictus, responsable de la transmission de plusieurs maladies virales graves comme la dengue, le virus Zika et le chikungunya, le ministère de la Santé a lancé un système national de surveillance et d’alerte précoce. Objectif : anticiper les risques d’épidémie et mieux protéger la santé publique.
Une prolifération alarmante en automne
Le moustique-tigre, espèce invasive originaire d’Asie, s’est désormais installé durablement en Algérie, profitant notamment du climat automnal favorable à sa reproduction. Les services de santé enregistrent une augmentation sensible des piqûres, certaines entraînant des symptômes sévères comme des inflammations, de la fièvre et une prescription d’antibiotiques, comme en témoignent de nombreux cas à Alger.
Des patients aux urgences à cause de piqûres
À Belcourt, un habitant raconte avoir souffert d’un gonflement important au bras et de fièvre intense après une piqûre. Orienté vers une clinique de Sidi M’hamed, il a été pris en charge pour une infection virale potentielle. Selon lui, l’invasion du moustique dans son quartier est devenue incontrôlable, malgré l’usage quotidien de répulsifs, plantes aromatiques et insecticides.
Où sont passées les campagnes de désinsectisation ?
De nombreux citoyens s’interrogent sur la disparition des campagnes de démoustication menées autrefois par les services de prévention municipaux. Une absence qui pourrait expliquer la prolifération du moustique, favorisée par la multiplication des zones humides, des déchets non ramassés et des récipients d’eau stagnante.
Le véritable danger : les maladies virales
Le docteur Fethi Benachenhou, spécialiste en santé publique, alerte : « Le vrai risque n’est pas la piqûre, mais les virus transportés par ce moustique. » En effet, plusieurs épidémies en Europe et en Afrique ont été attribuées à sa présence. Selon lui, les habitations en hauteur, les jardins mal entretenus, et les zones urbaines denses créent un environnement idéal à son développement.
Un système de veille et d’intervention national
La direction générale de la prévention au sein du ministère de la Santé a émis une circulaire définissant les mesures de lutte contre le moustique-tigre. Ce système repose sur trois piliers essentiels : détection précoce des cas importés de maladies virales, surveillance entomologique pour cartographier la présence du moustique dans les régions à risque, et interventions ciblées : démoustication, enquête épidémiologique, et sensibilisation de la population.
La période de surveillance est active de mai à novembre et concerne toutes les wilayas du nord du pays.
Un rôle clé pour les laboratoires et services de santé
Les services de santé sont appelés à déclarer tout cas suspect de maladie virale, à effectuer des analyses en laboratoire, et à transmettre les résultats au Service d’épidémiologie et de médecine préventive (SEMEP). Ce dernier coordonne ensuite les actions avec les collectivités locales et le Laboratoire national des virus transmis par les moustiques à Sidi Fredj.
Sensibiliser à grande échelle, y compris à l’école
Selon le Dr Maher Kandil, secrétaire général de la Direction de la santé de la wilaya d’Alger, des campagnes d’information et de prévention sont en cours, notamment dans les quartiers populaires et les zones côtières. Les écoles participent également à l’effort, avec des actions de sensibilisation menées auprès des élèves par les équipes de la santé scolaire.
Une responsabilité collective
La lutte contre le moustique-tigre ne peut réussir sans l’implication active de tous les acteurs : citoyens, autorités locales, associations, secteur de l’éducation, culte, environnement, et médias. La circulaire insiste sur la nécessité de promouvoir une culture de la prévention : éliminer les eaux stagnantes, entretenir les espaces verts, et signaler rapidement les cas suspects.
En résumé :
– Le moustique-tigre est désormais bien implanté en Algérie
– Il peut transmettre des maladies graves en cas d’importation de virus via des voyageurs
– Le ministère de la Santé a mis en place un dispositif complet de surveillance, d’alerte et d’intervention
– La prévention reste le moyen le plus efficace pour contenir les risques
