France : Sébastien Lecornu reconduit Premier ministre, mais sous la menace d’une motion de censure
En France, Sébastien Lecornu a été reconduit vendredi soir au poste de Premier ministre par le président Emmanuel Macron. Toutefois, ce second mandat s’annonce particulièrement fragile, avec une motion de censure imminente qui pourrait mettre fin à ce nouvel exécutif avant même sa formation complète.
Le gouvernement de Lecornu, qui doit être annoncé dans un délai très court, exclura le parti Les Républicains (LR), dirigé par Bruno Retailleau, ce qui compromet sérieusement ses chances de survie. Ce dernier, ancien ministre de l’Intérieur et figure clé du précédent gouvernement démissionnaire, joue un rôle déterminant dans la chute du premier cabinet Lecornu.
Plusieurs partis d’opposition ont déjà fait savoir qu’ils voteront contre ce gouvernement. Le Parti socialiste conditionne son soutien à l’abandon de la réforme des retraites, fer de lance du second quinquennat de Macron adoptée en 2023. La France Insoumise, le Parti communiste et les écologistes ont également promis de déposer une motion de censure, tout comme le Rassemblement national, bien qu’il soit situé à l’extrême droite du spectre politique.
La situation est d’autant plus compliquée que deux anciens Premiers ministres macronistes, Gabriel Attal et Édouard Philippe, ont pris leurs distances. Attal a suggéré que le pouvoir soit partagé, tandis que le parti Horizons d’Édouard Philippe envisage un soutien sans participation gouvernementale si la réforme des retraites est respectée.
Face à ce contexte fragmenté, Lecornu a déclaré vouloir constituer un gouvernement « libre », rassemblant des personnalités aux sensibilités diverses, mais pas enfermées dans les partis politiques. Néanmoins, pour être pleinement fonctionnel, ce gouvernement doit obtenir la confiance de l’Assemblée nationale, ce qui reste incertain malgré le soutien apparent d’une majorité des députés LR.
La crise politique actuelle fait suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024 par Emmanuel Macron, qui a conduit à une chambre divisée en trois blocs : gauche, centre-droit et extrême droite, ainsi qu’à une succession de quatre Premiers ministres en seulement un an et demi. La première tentative de Lecornu, nommée il y a un mois, a échoué en moins de 24 heures, provoquant sa démission et une nouvelle instabilité.
Cette nouvelle tentative lui offre toutefois une « carte blanche » pour négocier avec les partis et former un gouvernement capable d’adopter le budget 2026, un impératif pour respecter les délais constitutionnels.
À l’échelle européenne, ce nouvel épisode est perçu comme un signe de déclin du macronisme. Le Financial Times évoque « la fin d’une décennie de politique centriste rebelle » incarnée par Macron, alors que sa popularité atteint un creux historique. Pour le quotidien espagnol El País, la situation traduit un « sentiment de fin de siècle », avec un président isolé, contesté au sein même de son camp, et incapable de renouveler son leadership.
Dans ce contexte tourmenté, la France semble entrer dans une nouvelle phase d’incertitude politique majeure.
