Saïd Zakaria : «Le théâtre universitaire mérite sa place au cœur de la scène culturelle»
Écartée du Festival national du théâtre amateur de Mostaganem, la troupe «Odéon» voit son travail invisibilisé. Une exclusion vécue comme une profonde injustice par Saïd Zakaria, metteur en scène, étudiant en théâtre et président de l’association culturelle du même nom. Pour ce jeune artiste, engagé et passionné, l’heure est à la résistance artistique.
C’est par une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux que Saïd Zakaria a exprimé son amertume face à la non-sélection de sa pièce Traël au prestigieux rendez-vous du théâtre amateur de Mostaganem, ville pourtant berceau historique de cette tradition. «Ce fut un choc. Une blessure profonde», confie-t-il. La troupe avait respecté l’ensemble des procédures de participation, déposé son dossier dans les délais sur la plateforme officielle. Leur création, fruit de plusieurs mois de travail, de répétitions et de recherches, est restée sans réponse.
Plus encore que l’exclusion, c’est la déclaration officielle affirmant qu’«aucune troupe de Mostaganem n’a participé» qui a suscité la colère de l’artiste : «C’est une négation pure et simple de notre existence en tant qu’artistes. Comment une ville qui a vu naître le théâtre amateur peut-elle être symboliquement absente de son propre festival ?»
Pour autant, Saïd Zakaria refuse de céder au découragement. «Je transforme la déception en énergie», affirme-t-il, convaincu que ce genre d’épreuve doit renforcer la détermination des jeunes créateurs. Selon lui, le théâtre universitaire souffre à la fois d’un manque de soutien matériel, d’un déficit de reconnaissance institutionnelle et d’une opacité dans les mécanismes de sélection des œuvres. «Beaucoup de troupes travaillent dans des conditions précaires, souvent sans salle de répétition et avec des moyens dérisoires. Pourtant, ce théâtre-là est un véritable laboratoire de création, un espace de liberté.»
Il dénonce aussi le regard condescendant porté sur le théâtre universitaire, trop souvent réduit à un simple exercice académique : «Nous portons un héritage théâtral riche à Mostaganem, mais nous avons aussi la volonté de le renouveler. Ce que nous créons mérite d’être vu, évalué pour ce qu’il est artistiquement, et non pour sa conformité à des critères administratifs ou relationnels.»
Porté par une vision militante de l’art, Saïd Zakaria reste fidèle à ses convictions : «Je n’ai jamais cherché la gloire personnelle. Je veux simplement que le travail sincère soit reconnu. Les jeunes artistes ont besoin d’espaces pour s’exprimer, et c’est aux institutions de les accompagner. Un pays qui néglige ses créateurs se coupe de son propre avenir.»
À tous ceux qui doutent ou se découragent, il lance un message clair : «N’abandonnez jamais. Même quand toutes les portes se ferment, le théâtre reste vivant. Tant qu’il y a une voix, une idée, un corps sur scène, il continue d’exister.»
