Croissance économique : L’Algérie consolide sa dynamique de relance et vise plus haut
L’Algérie semble bel et bien engagée sur une trajectoire de croissance économique durable. C’est ce que confirme le dernier rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques dans la région MENAAP (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan), publié récemment. Le document vient appuyer les constats déjà émis par le Fonds monétaire international (FMI) et met en évidence des indicateurs économiques au vert pour le pays.
Une croissance au-dessus des prévisions
La Banque mondiale table désormais sur une croissance du PIB algérien de 3,8 % en 2025, soit une hausse de 0,6 point par rapport à ses projections d’avril dernier, et de 3,7 % en 2026, révisée elle aussi à la hausse (+0,5 point). Ces ajustements sont le reflet d’une accélération de l’activité économique, notamment au premier trimestre 2025, avec une progression de 4,5 % en glissement annuel.
La dynamique observée est largement portée par la croissance des secteurs hors hydrocarbures, qui a permis de compenser la légère baisse de la production d’hydrocarbures. Ce rebond est alimenté par une consommation intérieure vigoureuse et une nette hausse de l’investissement, estimée à +13,9 % sur la même période.
Un cap maintenu jusqu’en 2028
Les perspectives à moyen terme restent optimistes. Selon les projections du projet de loi de finances 2026, l’économie algérienne devrait poursuivre sa progression, avec un taux de croissance prévu de 4,1 % en 2026, puis 4,4 % en 2027, et 4,5 % en 2028.
En parallèle, le PIB global devrait atteindre 41.878 milliards DA en 2026, puis grimper à 48.395 milliards DA en 2028. Le PIB hors hydrocarbures, indicateur clé de la diversification économique, devrait suivre la même tendance, passant de 36.286 milliards DA en 2026 à 43.117 milliards DA en 2028.
Des politiques économiques porteuses
Pour les économistes algériens, ces résultats ne sont pas le fruit du hasard. Mahfoud Kaoubi, expert en finances, souligne que cette dynamique est le résultat direct des politiques de relance menées par l’exécutif. Il cite les secteurs du BTP, des matériaux de construction, des services, de l’agriculture et de certaines filières industrielles comme moteurs de cette croissance.
Selon lui, la loi de finances 2026 introduit un budget d’investissement plus ambitieux qu’en 2025, ce qui devrait soutenir davantage l’élan économique. Toutefois, il estime que pour atteindre l’objectif présidentiel d’un PIB de 400 milliards de dollars à l’horizon 2027, il faudra encore diversifier l’économie, réformer en profondeur les structures et intégrer davantage le secteur informel.
Kaoubi insiste également sur la nécessité de mettre en place un guichet unique pour l’investissement, afin de simplifier les démarches administratives et d’attirer davantage de capitaux, notamment étrangers.
Une machine économique en pleine accélération
De son côté, l’économiste Nabil Djemaâ juge les prévisions de la Banque mondiale inférieures à la réalité sur le terrain. Il estime que la croissance pourrait dépasser les 4 % dès 2026, à condition de poursuivre la relance industrielle, notamment à travers la réhabilitation des usines confisquées dans le cadre de la lutte contre la corruption.
Il souligne également l’effet levier des grands événements économiques, comme le NAPEC (salon de l’énergie), où plus de 60 milliards de dollars d’investissements ont été annoncés récemment. À cela s’ajoutent les 17.000 projets d’investissement enregistrés par l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) jusqu’en septembre dernier.
Pour Djemaâ, la loi de finances 2026 est résolument tournée vers l’investissement, en cohérence avec les orientations données par le président Abdelmadjid Tebboune, qui a appelé à ouvrir les ports et les marchés, soutenir les industriels et financer les hausses des intrants de production.
Une trajectoire encourageante, mais encore fragile
Malgré cet optimisme ambiant, les économistes s’accordent à dire que la croissance actuelle reste insuffisante pour répondre à toutes les attentes sociales et économiques du pays. La baisse de l’inflation est toutefois perçue comme un signal positif, permettant de renforcer le pouvoir d’achat et d’encourager la consommation, autre moteur de croissance.
La réussite à long terme dépendra de la capacité de l’Algérie à accélérer les réformes structurelles, à créer un climat d’affaires attractif et à mettre en place un modèle économique durable, moins dépendant des hydrocarbures et plus inclusif.
Dans un contexte régional incertain, l’Algérie semble aujourd’hui mieux armée pour relever ces défis. La machine économique est lancée, mais elle devra maintenir sa cadence et éviter les blocages structurels qui, par le passé, ont freiné son envol.
