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Ligne minière Est : une infrastructure stratégique en marche pour propulser l’industrie du phosphate

Le chantier de la ligne minière Est, qui reliera le gisement de phosphate de Bled El Hadba (Tébessa) aux unités de transformation en passant par le port minéralier d’Annaba, connaît une avancée notable. Cette infrastructure constitue une colonne vertébrale logistique du mégaprojet de phosphate intégré engagé par l’État algérien, visant à faire de l’Algérie un acteur majeur sur le marché international des engrais phosphatés à l’horizon 2027.

Une priorité gouvernementale

Preuve de l’importance de ce projet, le ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Abdelkader Djellaoui, fraîchement nommé, a consacré sa première sortie sur le terrain à l’inspection de l’un des tronçons les plus stratégiques du tracé : celui reliant le port d’Annaba à Bouchegouf, dans la wilaya de Guelma.

Long de 54 kilomètres, ce segment avance à un rythme jugé satisfaisant par le ministre, qui prévoit sa réception avant la fin de l’année 2025. Cette étape marquera le début de la mise en service progressive des différents tronçons de la ligne minière.

Des tronçons complexes mais prometteurs

Outre ce premier tronçon, d’autres segments avancent simultanément, notamment le tronçon Bouchegouf-Drea à Souk Ahras, long de 121 km. Ce parcours est considéré comme le plus complexe techniquement du projet, en raison de son relief accidenté et du nombre élevé d’ouvrages d’art à réaliser.

À ce jour, 46 ponts sont en cours de construction, dont le plus long s’étendra sur 1,35 km, ainsi que 10 tunnels, avec en vedette le tunnel d’Ouilane à Souk Ahras, long de 2,165 km. Le ministère indique que l’ensemble de ces ouvrages est implanté dans un terrain difficile, ce qui justifie les défis techniques et les délais.

Le dernier tronçon actuellement en phase de réalisation reliera Drea à Oued Kebrit, sur 30 kilomètres. Il desservira directement le nouveau complexe de transformation de phosphate d’Oued Kebrit, dont les travaux de construction débuteront au second semestre 2026.

Il est important de noter que la partie initiale de la ligne, entre le gisement de Bled El Hadba et la future ligne minière, a déjà été réceptionnée en 2024, bouclant ainsi la boucle logistique depuis la source jusqu’aux infrastructures de transport.

Un projet stratégique pour la souveraineté économique

Le projet de modernisation et de doublement de la ligne ferroviaire minière Est s’étend sur 422 kilomètres de Tébessa à Annaba, en intégrant à terme le transport de volumes massifs de phosphate vers le port minéralier. Il s’agit là d’un levier stratégique pour l’industrialisation minière du pays.

Lors de son point de presse à Guelma, Abdelkader Djellaoui a réaffirmé l’importance du projet dans le cadre du développement minier national, exhortant l’ANESRIF (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires), en sa qualité de maître d’ouvrage, ainsi que les entreprises de réalisation, à accélérer la cadence des travaux.

« Des instructions strictes ont été données à l’ANESRIF et aux entreprises en charge du projet pour garantir une réception dans les délais impartis », a-t-il déclaré.

Vers une nouvelle ère industrielle en 2027

La mise en service complète de cette infrastructure ferroviaire est synchronisée avec l’échéance de 2027, qui marquera une étape cruciale pour l’industrie extractive algérienne. À cette date, deux projets miniers majeurs entreront en production :

  • Le projet de phosphate intégré, dont le centre est le gisement de Bled El Hadba et ses unités de traitement ;
  • Le gisement de fer de Gara Djebilet, couplé à des installations sidérurgiques et métallurgiques.

L’Algérie ambitionne de produire chaque année 6 millions de tonnes d’engrais phosphatés et 10 millions de tonnes de concentré de minerai de fer, des volumes qui placeraient le pays au cœur des filières stratégiques mondiales.

Une logistique vitale pour la compétitivité

Dans ce contexte, le transport ferroviaire joue un rôle fondamental. Sans une ligne moderne, capable de transporter de gros tonnages à bas coût, les ressources minières algériennes resteraient sous-exploitées. La ligne minière Est, avec ses tunnels, ponts, gares et terminaux de chargement, représente donc la clé logistique de cette ambition industrielle.

Alors que les travaux du port minéralier d’Annaba avancent également, le pays se prépare à exporter massivement, mais surtout à créer de la valeur ajoutée localement, via la transformation du minerai sur place.


En somme, l’avancement rapide du projet de la ligne minière Est incarne la volonté de l’Algérie de rompre avec l’exportation brute de matières premières, pour entrer de plain-pied dans une logique d’industrialisation intégrée, porteuse d’emplois, de devises et d’indépendance économique. Le train du développement minier est désormais en marche.

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