Remaniement ministériel en Algérie : séparation inédite des portefeuilles de l’Énergie et des Hydrocarbures
Un tournant majeur vient de s’opérer dans la gouvernance du secteur de l’énergie en Algérie. Avec la formation du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Sifi Ghrieb, les autorités ont procédé à une réorganisation sans précédent du ministère de l’Énergie, en créant deux portefeuilles distincts : l’un dédié aux Hydrocarbures et aux Mines, l’autre à l’Énergie et aux Énergies renouvelables. Une séparation inédite dans l’histoire institutionnelle du pays, qui reflète l’ambition d’apporter plus de spécialisation et d’efficacité dans la gestion de ces secteurs stratégiques.
Mohamed Arkab à la tête d’un super-ministère des Hydrocarbures et des Mines
Nommé ministre d’État, Mohamed Arkab reprend les rênes du nouveau ministère des Hydrocarbures et des Mines, accompagné de Karima Tafer, reconduite au poste de secrétaire d’État chargée des Mines. Ce choix intervient dans un contexte où l’Algérie ambitionne de mieux valoriser ses ressources naturelles, tant pour répondre à la demande intérieure croissante que pour s’imposer sur un marché énergétique mondial en pleine mutation.
Déjà chargé ces dernières années de relancer le secteur minier, Arkab a piloté plusieurs projets structurants, aujourd’hui en phase de concrétisation : la mine de fer de Gara Djebilet, le projet intégré de phosphate 100 % algérien, et la mine de zinc et de plomb d’Oued Amizour. Ces projets visent à poser les bases d’une véritable industrie minière nationale, génératrice de richesse et d’emplois.
Côté hydrocarbures, les défis restent de taille. Malgré les ressources abondantes, la production actuelle reste en deçà des objectifs présidentiels, notamment en ce qui concerne l’exportation ciblée de 100 milliards de m³ de gaz. Pour Arkab, la priorité sera donc de dynamiser la production, notamment par l’exploitation optimisée des ressources conventionnelles et non conventionnelles, tout en attirant de nouveaux investissements pour moderniser le secteur.
Mourad Adjal chargé de porter la vision énergétique de demain
De son côté, Mourad Adjal, ancien PDG de Sonelgaz, prend la tête du nouveau ministère de l’Énergie et des Énergies renouvelables. Connu pour son profil technocratique et sa capacité à repositionner Sonelgaz comme acteur régional incontournable, Adjal se voit confier la mission de redessiner le paysage énergétique algérien, à travers une triple feuille de route.
Il devra d’abord renforcer la chaîne de valeur de l’électricité au niveau national, en améliorant la production, la distribution et la fiabilité du réseau. Ensuite, il lui incombe de déployer le savoir-faire algérien à l’international, en particulier en Afrique et en Europe, où des partenariats stratégiques sont à l’étude. Enfin, Adjal aura à piloter l’ambitieuse stratégie nationale des énergies renouvelables, qui prévoit une capacité de 22 GW, dont 15 GW d’énergie solaire et 5 GW d’énergie éolienne, avec à terme des perspectives d’exportation d’électricité verte.
Une stratégie à deux vitesses pour une ambition commune
La séparation de ces deux portefeuilles vise à mieux structurer les priorités nationales : d’un côté, l’exploitation des ressources fossiles et minières, qui demeurent un pilier de l’économie ; de l’autre, la transition énergétique et la conquête de nouveaux marchés via des solutions propres et durables.
Ce découpage reflète également la volonté des autorités de répondre plus efficacement aux enjeux mondiaux, qu’il s’agisse de la transition énergétique, de la sécurité d’approvisionnement ou de la diversification économique. À terme, ce nouveau modèle de gouvernance pourrait servir de levier d’attractivité pour les investisseurs internationaux, dans un contexte où l’Algérie entend s’imposer comme un acteur énergétique central en Méditerranée et en Afrique.
Avec ce remaniement, l’Algérie envoie un signal fort : elle se dote d’outils de pilotage plus spécialisés pour affronter les défis énergétiques du XXIe siècle.
