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Phosphate : l’Algérie avance à grands pas vers la concrétisation de son mégaprojet intégré

L’Algérie poursuit avec détermination la mise en œuvre de son ambitieux projet de phosphate intégré (PPI), l’un des chantiers industriels les plus stratégiques pour le pays. Ce projet, détenu à 100 % par les deux groupes publics Sonatrach et Sonarem, avance vers sa phase de concrétisation, avec l’annonce de l’entrée en lice de nouveaux partenaires européens pour la réalisation de l’étude technique et économique préalable au contrat EPC (Engineering, Procurement and Construction).

Sonatrach confirme : Saipem en course pour le contrat EPC

En marge du forum Gastech tenu à Milan, le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, a confirmé officiellement l’entrée dans la course du groupe italien Saipem, qui ambitionne de décrocher le contrat EPC du projet. Dans un communiqué publié jeudi, Sonatrach indique que M. Hachichi s’est rendu au siège de Saipem pour faire le point sur l’état d’avancement des études liées au projet. Le groupe italien est désormais en compétition directe avec un cabinet d’ingénierie allemand, retenu également pour la réalisation de l’étude « feed compétitive ».

Un choix stratégique qui écarte Sofreco

L’annonce met un terme à la participation de la société française Sofreco, pourtant présélectionnée en 2023 à l’issue d’un appel d’offres lancé un an plus tôt. Ce retrait marque un changement de stratégie de la part de l’Algérie, qui a opté pour une approche souveraine dans la conduite de ce mégaprojet estimé à plusieurs milliards de dollars. La décision prive ainsi l’entreprise française d’un contrat initial estimé à 16 millions d’euros, relatif à l’étude de faisabilité du complexe industriel.

Deux études détaillées pour un seul gagnant en 2026

Les cabinets italien et allemand retenus devront fournir d’ici 2026 des études complètes intégrant tous les aspects techniques, économiques et logistiques du projet. L’objectif est d’identifier l’offre la plus cohérente avec les ambitions du PPI, qui vise à positionner l’Algérie comme un acteur majeur sur le marché mondial des engrais.

Les études portent notamment sur :

  • La conception du complexe industriel de transformation du phosphate,
  • Le développement des unités de traitement sur les sites de Bled El Hadba et Ouled El Keberit,
  • La modernisation du port d’Annaba pour l’exportation,
  • Et la construction de lignes ferroviaires pour relier les sites de production au réseau national.

Un projet stratégique aux retombées multiples

Pour les autorités algériennes, le PPI est bien plus qu’un projet industriel. Il s’agit d’un levier stratégique pour la diversification de l’économie nationale, aujourd’hui encore fortement dépendante des hydrocarbures. Le projet prévoit l’exploitation annuelle de 10 millions de tonnes de phosphate brut, destinées à alimenter des unités de transformation en engrais phosphatés et azotés, avec une production estimée à 6 millions de tonnes d’engrais par an.

Ce projet s’inscrit dans une vision économique à long terme, en cohérence avec la politique nationale de développement des exportations hors hydrocarbures. Il devrait également contribuer à la création de milliers d’emplois directs et indirects, au transfert de compétences dans les domaines de l’ingénierie et de la chimie industrielle, ainsi qu’à l’implantation de nouvelles infrastructures logistiques modernes.

Un soutien affirmé des plus hautes autorités

Le caractère stratégique du projet est confirmé par l’appui des hautes autorités du pays, qui en ont fait l’un des piliers des grands chantiers structurants du secteur minier. En s’appuyant sur ses immenses réserves de phosphate, estimées à plus de 2 milliards de tonnes, l’Algérie ambitionne de bâtir une industrie minière intégrée, capable de soutenir la croissance, générer de la valeur ajoutée localement et renforcer sa place sur les marchés mondiaux.


En conclusion, l’accélération du projet de phosphate intégré marque une étape décisive pour l’économie algérienne. Avec une feuille de route claire, un cadre institutionnel favorable, et des partenaires technologiques de haut niveau, l’Algérie se donne les moyens de devenir une puissance régionale et mondiale dans l’industrie des engrais, tout en jetant les bases d’un modèle de développement durable et autonome.

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