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L’Algérie accélère son développement dans l’industrie des engrais avec un ambitieux mégaprojet intégré du phosphate

L’Algérie franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de diversification économique, en mettant le cap sur le développement massif de sa capacité de production d’engrais. L’objectif affiché est ambitieux : atteindre plus de 10 millions de tonnes par an, afin de répondre aux besoins croissants du secteur agricole national tout en s’imposant comme acteur clé sur le marché international des fertilisants.

Le mégaprojet du phosphate intégré entre dans sa phase décisive

Au cœur de cette dynamique se trouve le mégaprojet intégré du phosphate, actuellement en phase d’étude dite « feed compétitive », ultime étape technique avant le lancement effectif des travaux sur le terrain. Ce projet stratégique est piloté par Sonatrach en partenariat avec Sonarem, les deux entreprises nationales détenant 100 % du capital du projet.

Ce complexe d’envergure ambitionne une production annuelle de 6 millions de tonnes d’engrais diversifiés, notamment engrais phosphatés et azotés, ammoniac et urée. À terme, il exploitera près d’un milliard de tonnes de minerai de phosphate sur une réserve estimée à deux milliards de tonnes.

Le projet s’étendra sur trois principaux sites :

  • Bled El Hadba (extraction du phosphate brut),
  • Ouled El Keberit (usine de transformation),
  • et la ligne ferroviaire vers le port d’Annaba pour le transport et l’exportation.

Une stratégie d’ouverture à l’international

En parallèle à l’aspect technique, l’Algérie multiplie les démarches pour attirer des partenaires internationaux stratégiques dans l’aval de la filière engrais. À l’occasion du forum Gastech, tenu à Milan du 9 au 12 septembre, Rachid Hachichi, PDG de Sonatrach, a rencontré Ahmed El Hoshy, directeur exécutif du groupe OCI, un des leaders mondiaux dans la production d’ammoniac et d’engrais nitriques.

Cette rencontre s’inscrit dans la volonté de Sonatrach de nouer des alliances solides afin de bénéficier du savoir-faire mondial, d’accéder à de nouveaux marchés et d’intégrer des chaînes de valeur internationales. Pour OCI, le marché algérien représente une opportunité stratégique, riche en ressources et porteur de perspectives à long terme.

Un levier pour la sécurité alimentaire et la transition industrielle

Ce projet s’inscrit aussi dans une vision plus large de sécurisation des intrants agricoles, essentielle pour le développement durable de l’agriculture algérienne. À une époque marquée par l’instabilité des marchés mondiaux, l’autosuffisance en fertilisants devient un atout crucial.

Au-delà de l’agriculture, l’exploitation du phosphate s’articule également avec les ambitions industrielles de l’Algérie, notamment à travers des projets innovants comme celui porté par le professeur Karim Zaghib, visant à développer une industrie nationale de batteries lithium-ion, où le phosphate entre dans la composition de certains matériaux cathodiques.

Une porte ouverte sur l’industrie 5.0

Ce mégaprojet ne se limite donc pas à l’exportation de matières premières, mais se veut un tremplin vers une industrie avancée, ancrée dans une logique de transformation locale, de création de valeur ajoutée et de montée en compétence technologique. L’Algérie y voit un levier pour intégrer les standards de l’industrie 5.0, fondée sur l’intelligence artificielle, l’automatisation, et l’économie circulaire.


En résumé, l’Algérie, forte de ses ressources en phosphates et soutenue par une volonté politique claire, place l’industrie des engrais au cœur de sa stratégie de développement économique. Le lancement imminent du projet intégré du phosphate pourrait marquer un tournant décisif pour sa souveraineté agricole, son positionnement industriel et son rayonnement international dans un secteur en pleine expansion.

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