Exportation du ciment : l’Algérie accélère pour consolider sa position régionale
L’Algérie entend renforcer sa présence sur les marchés internationaux du ciment et du clinker. Jeudi dernier, une réunion interministérielle a été tenue sous la présidence du Premier ministre par intérim, Sifi Ghrieb, pour examiner les voies et moyens de booster les exportations de ciment, dans un contexte où le pays affiche une surcapacité de production significative.
Organisée au siège du Premier ministère, cette rencontre a réuni les ministres des Finances, du Commerce extérieur, des Travaux publics et des Transports, ainsi que le gouverneur de la Banque d’Algérie et plusieurs opérateurs économiques du secteur cimentier. Ensemble, ils ont passé en revue l’état des infrastructures portuaires impliquées dans les opérations d’exportation, les obstacles logistiques rencontrés, ainsi que les suggestions formulées par les professionnels du secteur.
Des mesures immédiates pour lever les blocages logistiques
Selon un communiqué officiel, la réunion a débouché sur une série de mesures concrètes et immédiates destinées à faciliter les exportations à court terme. Parmi elles, la rationalisation de l’utilisation des infrastructures existantes, avec l’objectif d’augmenter les capacités de stockage et de réduire les coûts logistiques, véritables freins à la compétitivité des opérateurs.
À moyen terme, les discussions ont porté sur la fluidification des circuits d’exportation et la disponibilité des volumes destinés à l’export, en prévision des nouveaux investissements qui entreront bientôt en exploitation. Il s’agit notamment de veiller à ce que les futurs excédents soient dirigés efficacement vers les marchés extérieurs.
Vers la création d’un port dédié à l’exportation du ciment
Dans la continuité de la stratégie de diversification économique impulsée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, une directive a été émise début septembre pour dédier un port existant exclusivement à l’exportation du ciment. Ce port devra être adapté avec un bras d’accostage en eaux profondes capable d’accueillir de grands navires, afin de répondre aux normes du transport maritime international.
Autre mesure suggérée par le chef de l’État : le recours à des silos flottants pour faciliter le stockage temporaire et l’embarquement rapide du ciment à l’export. Cette infrastructure logistique, qui pourrait être opérationnelle plus rapidement qu’un aménagement terrestre, permettrait de désengorger les ports et d’augmenter les volumes exportables.
Le ministre des Transports a d’ailleurs instruit ses services, en début de semaine, pour accélérer les préparatifs techniques relatifs à cette initiative.
Un excédent de production tourné vers l’international
Grâce à une politique industrielle soutenue ces dernières années, l’Algérie est passée du statut d’importateur net de ciment à celui de leader africain de l’exportation, et deuxième en Méditerranée. En 2024, les exportations de ciment et de clinker ont atteint des niveaux records.
Le secteur est dominé par deux grands acteurs :
- Le groupe public GICA, qui a exporté plus de 6 millions de tonnes pour un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars en 2024.
- Le géant Holcim-Lafarge Algérie, qui a, pour sa part, exporté 3,1 millions de tonnes pour une valeur de 140 millions de dollars.
Avec une capacité nationale de production estimée à 41 millions de tonnes et une consommation intérieure avoisinant 23 millions de tonnes, le pays dispose d’un excédent potentiel de près de 18 millions de tonnes par an, représentant une opportunité stratégique pour développer les exportations hors hydrocarbures.
Des défis logistiques à relever pour soutenir cette dynamique
Malgré les performances enregistrées, les capacités logistiques portuaires demeurent insuffisantes pour répondre pleinement à la demande croissante à l’export. Le manque de silos de stockage, de points de chargement spécialisés, ainsi que les délais de traitement au niveau des quais, freinent la compétitivité des opérateurs.
La mise en place d’un port dédié, combinée à la modernisation des installations logistiques existantes, devrait permettre de fluidifier les chaînes d’exportation et de renforcer la position de l’Algérie sur les marchés africains, européens et asiatiques.
En conclusion, l’Algérie place le ciment au cœur de sa stratégie d’exportation hors hydrocarbures. En soutenant les producteurs nationaux, en adaptant les infrastructures portuaires, et en anticipant la hausse des capacités de production, le pays se donne les moyens de consolider sa place de leader régional, tout en générant des revenus en devises indispensables à sa transition économique.
