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Crise diplomatique à l’ONU : un vote historique pour défendre la voix palestinienne face au blocage américain

Les Nations unies sont secouées par une crise diplomatique majeure à la veille de leur 80e Assemblée générale, après que les États-Unis ont refusé d’accorder des visas à une délégation palestinienne, y compris au président Mahmoud Abbas. Ce geste unilatéral de Washington a déclenché une réaction politique d’ampleur au sein de la communauté internationale, avec des conséquences potentiellement historiques pour l’avenir du fonctionnement de l’Organisation.

Face à ce blocage, plus de 140 pays membres de l’ONU ont voté en faveur d’une motion sans précédent : le transfert des prochaines sessions de l’Assemblée générale à Genève. L’objectif est clair — garantir la participation pleine et entière de la Palestine et empêcher que les États-Unis n’utilisent leur position de pays hôte pour restreindre l’accès à des représentants jugés politiquement indésirables.

Cette décision symbolique fait écho à un précédent marquant : en 1988, les États-Unis, alors dirigés par Ronald Reagan, avaient refusé l’entrée sur leur territoire à Yasser Arafat. L’ONU avait alors déplacé sa réunion en Suisse pour permettre au leader palestinien de s’exprimer. Trente-six ans plus tard, ce même scénario se répète, mais cette fois avec une portée plus large et un contexte diplomatique encore plus tendu.

Pourtant, une contradiction demeure. Officiellement, la 80e session de l’Assemblée générale reste programmée à New York. Le site officiel de l’ONU, de même que les calendriers des principales agences onusiennes, n’indiquent aucun changement. Le débat général est toujours prévu du 23 au 29 septembre au siège new-yorkais. Cela crée une situation inédite : d’un côté, une volonté politique claire exprimée par l’Assemblée générale ; de l’autre, une réalité administrative et logistique qui reste alignée sur le statu quo.

Malgré cette ambiguïté institutionnelle, le message envoyé par le vote est sans équivoque. La majorité écrasante des États membres refuse que les États-Unis instrumentalisent leur statut de pays hôte pour censurer des voix, en l’occurrence celle du peuple palestinien. Le principe d’égalité souveraine, pilier de la Charte des Nations unies, est réaffirmé avec force.

Ce bras de fer diplomatique dépasse le seul cas palestinien. Pour de nombreux observateurs, il jette une lumière crue sur d’autres situations où le droit international est ignoré. Le parallèle avec le Sahara Occidental est ainsi largement évoqué. À l’approche du 50e anniversaire de l’invasion marocaine du territoire sahraoui — commémoré en octobre prochain —, certains voient dans cette crise une mise à l’épreuve de la cohérence de l’ONU.

Le cas du Sahara Occidental, territoire toujours en attente du référendum d’autodétermination promis en 1991, reste un point de tension majeur. Alors que le Maroc continue d’occuper ce territoire avec le soutien de puissances comme la France, l’Espagne ou les États-Unis, la question de la légitimité du droit international se pose avec une acuité renforcée.

La solidarité exprimée envers la Palestine ouvre une brèche diplomatique. Elle rappelle que, même face à une superpuissance comme les États-Unis, une majorité d’États peut s’unir pour défendre les principes fondateurs de l’ordre international. La crédibilité des Nations unies est aujourd’hui en jeu : si l’organisation peut défier Washington pour défendre la participation palestinienne, elle doit aussi être capable de faire respecter les engagements pris envers d’autres peuples sous occupation, comme les Sahraouis.

À défaut, elle risque de devenir un simple théâtre de déclarations sans portée, dominé par les intérêts des puissants. Le vote sur le transfert à Genève n’a peut-être pas encore changé l’emplacement de l’Assemblée générale, mais il a bel et bien rappelé que la voix des peuples ne peut être muselée sans conséquences.

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