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Affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge : 33 morts et appel urgent au cessez-le-feu

Par : Amani H.

Les combats se poursuivent ce dimanche à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, au quatrième jour d’un conflit armé qui a déjà fait au moins 33 morts et entraîné le déplacement de plus de 200 000 personnes. Malgré les appels répétés à un cessez-le-feu émanant de Phnom Penh, de la communauté internationale et même des États-Unis, l’artillerie continue de tonner le long d’une ligne frontalière contestée depuis des décennies.

Des combats d’une intensité inédite depuis 2011

Déclenchés jeudi dernier autour de la région disputée du temple de Preah Vihear, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, les affrontements ont rapidement pris une tournure inquiétante. Des jets de combat, des blindés, ainsi que des roquettes et tirs d’artillerie lourde ont été mobilisés de part et d’autre, marquant une escalade inédite depuis les violents heurts de 2011.

La Défense cambodgienne fait état de 13 morts et 71 blessés parmi ses citoyens, dont plusieurs civils. Du côté thaïlandais, les autorités ont confirmé 20 morts, dont six soldats, ainsi que des dizaines de blessés. Ces bilans restent provisoires, les combats touchant des zones reculées où l’accès humanitaire reste limité.

Des milliers de déplacés et des villages ravagés

Les conséquences humaines sont considérables. Près de 140 000 personnes ont été déplacées en Thaïlande et plus de 35 000 ont fui côté cambodgien, selon les chiffres communiqués par les autorités locales et les ONG. Plusieurs villages frontaliers ont été partiellement détruits, et des colonnes de civils tentent de rejoindre des camps de fortune installés en urgence dans les provinces de Preah Vihear, Surin et Sisaket.

Des images partagées sur les réseaux sociaux montrent des habitations réduites en cendres, des files de réfugiés fuyant sous les tirs, et des fumées d’explosions s’élevant au-dessus des collines forestières qui marquent la frontière naturelle entre les deux pays.

L’ONU, l’ASEAN et Washington tentent de jouer les médiateurs

Face à l’ampleur des combats, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence. Le Cambodge a officiellement déposé une demande de médiation internationale. L’ASEAN, dont la Malaisie assure actuellement la présidence tournante, a proposé de conduire une mission diplomatique conjointe pour apaiser les tensions.

De son côté, le président américain Donald Trump, engagé dans une nouvelle campagne électorale, a téléphoné aux dirigeants des deux pays pour exiger l’arrêt des hostilités. Il a menacé de geler les accords commerciaux avec Bangkok et Phnom Penh, conditionnant leur maintien à l’établissement d’un cessez-le-feu immédiat. Cette pression semble avoir produit un frémissement diplomatique : le Cambodge s’est dit prêt à suspendre ses opérations militaires « sans condition », tandis que la Thaïlande s’est déclarée « ouverte à la discussion », sans toutefois valider formellement une trêve.

Un conflit enraciné dans l’histoire

À l’origine de cette flambée de violence : un désaccord frontalier ancien autour de plusieurs zones, en particulier autour du temple de Preah Vihear, attribué au Cambodge par un arrêt de la Cour internationale de Justice en 1962, mais toujours revendiqué par des nationalistes thaïlandais. Ce différend territorial, hérité de la période coloniale française, empoisonne les relations bilatérales depuis des décennies.

Les affrontements de ces derniers jours montrent que ce contentieux reste explosif, en dépit des nombreux engagements passés en faveur d’une résolution pacifique.

Vers une sortie de crise ?

Pour l’heure, aucun cessez-le-feu officiel n’a été signé. Si la pression diplomatique internationale s’intensifie, notamment à travers les menaces économiques américaines, la réalité sur le terrain reste celle d’un conflit actif, avec des pertes humaines croissantes et des risques de déstabilisation régionale.

Les observateurs s’attendent à ce que les prochaines 48 heures soient décisives. Soit les deux gouvernements acceptent une trêve négociée et s’engagent dans des pourparlers sous l’égide de l’ONU ou de l’ASEAN, soit le conflit pourrait entrer dans une phase plus durable et potentiellement incontrôlable.

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