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« Le Temps d’aimer son Enfer » de Keltoum Deffous présenté au Salon du Maghreb à Paris

Poétesse et romancière, Keltoum Deffous s’est imposée comme l’une des figures majeures de la littérature féminine algérienne contemporaine. Auteure d’une dizaine de recueils, dont six ont été primés en France, elle transforme depuis des années les blessures de l’histoire et de l’intime en une parole poétique puissante, tissée d’amour, de paix et de révolte.

Orpheline dès l’enfance de tous les hommes de sa famille tombés au champ d’honneur pendant la guerre de libération, elle a trouvé dans l’écriture une forme de réparation. « Mon écriture est un acte de résistance et de survie », affirme-t-elle, évoquant aussi la décennie noire, où le corps des femmes fut réduit au silence ou à la cible. La poésie s’est alors imposée comme son refuge, son arme et son cri.

Son dernier recueil, Le Temps d’aimer son Enfer, présenté prochainement au Salon du Maghreb à Paris, vient clore une trilogie dédiée aux femmes, après Le Foulard Rouge de ma Colère et Journal d’une Fille de Trop. Loin d’être un simple témoignage, cette trilogie s’inscrit dans une quête identitaire profonde, nourrie par son vécu de femme rurale, ses combats d’adulte et l’histoire collective de l’Algérie.

Dans Le Foulard Rouge de ma Colère, elle rend hommage aux mères et grands-mères enfermées dans le silence des traditions ; Journal d’une Fille de Trop s’attaque quant à lui aux carcans de la société patriarcale, tout en célébrant la mémoire des femmes disparues. Enfin, Le Temps d’aimer son Enfer explore la complexité des relations humaines, affirmant que toute femme finit par aimer son propre enfer, en se réconciliant avec elle-même, malgré le regard des autres.

Si la poésie reste son terrain d’expression privilégié, la peinture est venue compléter sa palette émotionnelle. Une autre manière, dit-elle, de « traduire l’indicible ». Mais malgré son rayonnement à l’étranger, Keltoum Deffous peine à se faire éditer en Algérie. Elle remercie toutefois Média-Plus et son directeur Yacine Hannachi pour avoir permis à sa trilogie d’exister sur le territoire national.

Ses lectrices, en majorité des femmes, se reconnaissent dans ses vers, l’encouragent à poursuivre et deviennent à leur tour des actrices de cette chaîne de transmission poétique et féminine. Une fierté pour l’auteure, qui n’oublie pas ses inspiratrices originelles, ces veuves de martyrs de son douar, toutes poétesses du Malhoune, qui lui ont transmis l’esprit de liberté et de combat.

Keltoum Deffous prépare désormais la sortie d’un roman, qu’elle espère accueillir avec autant d’émotion que ses recueils. Une nouvelle étape dans un parcours littéraire engagé, profondément enraciné dans la mémoire collective et le combat des femmes.

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