Tebboune : « Craindre la prison, c’est raisonner comme un corrompu »
Réuni dimanche avec les opérateurs économiques au Centre international des conférences Abdelatif Rahal, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas mâché ses mots face à la prudence excessive de certains investisseurs. « Ceux qui prétendent craindre la prison pour justifier leur inaction raisonnent comme les corrompus et les saboteurs », a-t-il asséné, appelant les entrepreneurs à assumer pleinement leur rôle dans la dynamique économique et à s’engager dans la lutte contre la corruption.
Abordant la question des fonds détournés à l’étranger, le président a dénoncé une situation préoccupante : « Ces sommes volées servent aujourd’hui à protéger ceux qui ont nui à l’Algérie », a-t-il affirmé, pointant du doigt les réseaux de soutien financier à l’étranger alimentés par l’argent public détourné. Il a ainsi invité les exportateurs à s’organiser à travers la création d’une instance de régulation des échanges, visant à garantir transparence et rigueur dans les transactions commerciales extérieures.
Rationalisation et transparence au cœur de la stratégie économique
Se félicitant de l’évolution de l’approche économique du pays, le chef de l’État a souligné les progrès réalisés en matière de rationalisation des opérations d’import-export. « Nous sommes passés de l’amplification des factures à leur rationalisation », a-t-il déclaré. Une dynamique positive, mais encore fragile, selon lui, en raison de pratiques commerciales préjudiciables telles que la sous-évaluation des produits algériens destinés à l’exportation.
Citant l’exemple des dattes algériennes, il s’est indigné de leur exportation à un prix dérisoire : « Exporter les dattes algériennes à 40 dinars est un crime contre l’économie nationale », a-t-il martelé, dénonçant des pratiques qui privent l’État et les producteurs locaux de revenus légitimes.
Contre les failles et les manipulations du marché
Le président Tebboune a également mis en garde contre les comportements déviants de certains opérateurs économiques, accusés d’exploiter les failles du système législatif pour manipuler le marché à leur avantage. Il a rappelé que l’État ne cherche pas à spéculer sur le foncier destiné à l’investissement, mais au contraire, à en faciliter l’accès. « L’État ne spécule pas sur la vente des terrains d’investissement. Elle facilite plutôt l’accès au foncier pour concrétiser les projets », a-t-il souligné, insistant sur la nécessité de renforcer la transparence et d’éliminer les entraves bureaucratiques.
À travers ce discours offensif, le président a tenu à réaffirmer sa volonté de faire de l’investissement productif un levier majeur de la croissance économique, tout en instaurant un climat d’affaires fondé sur l’éthique, la transparence et l’intérêt national.
