Des réfugiés afghans en Albanie dans l’attente incertaine de leur visa américain
Par : Amani H.
Des milliers de réfugiés afghans, ayant fui leur pays pour échapper à la reprise du pouvoir des talibans, se retrouvent dans une situation d’incertitude en Albanie. Ces personnes, en grande majorité des employés des États-Unis et de leurs partenaires en Afghanistan, attendent la validation de leur visa américain, un processus devenu plus complexe et long à la suite des décisions politiques récentes.
Le rêve américain sous tension
La prise de pouvoir des talibans en août 2021 a marqué un tournant dramatique pour de nombreux Afghans ayant travaillé aux côtés des forces américaines et de l’OTAN. En réponse à cette situation, l’administration du président Joe Biden a élargi les critères d’admission aux États-Unis pour les Afghans à risque, en particulier ceux ayant œuvré pour des médias, des organisations humanitaires ou des agences de développement financées par les États-Unis. Ce programme d’admission visait à offrir une protection temporaire et à permettre une réinstallation aux États-Unis.
Cependant, un des obstacles majeurs à ce programme a été la condition imposée aux réfugiés : ils devaient quitter l’Afghanistan et entamer leur demande dans un pays tiers, où le processus de sélection pouvait durer entre 12 et 14 mois, sans aucune aide pour leur départ ou leur séjour dans ce pays. Cela a conduit plus de 3 200 réfugiés à s’installer en Albanie, dans l’attente de l’approbation de leur visa. Une fois arrivés sur place, les réfugiés ont été interrogés et ont fourni les documents nécessaires pour compléter leur dossier.
L’administration Trump et l’impact sur le programme
L’arrivée de l’administration Trump a bouleversé cette dynamique. Dès les premiers jours de son mandat, la Maison-Blanche a suspendu le programme d’admission des réfugiés, y compris ceux d’Afghanistan, à partir du 27 janvier. Cette suspension de trois mois a eu des conséquences directes sur les plans des réfugiés, dont plus de 1 600 Afghans qui avaient déjà reçu une autorisation de se rendre aux États-Unis. Ces réfugiés, notamment ceux ayant travaillé aux côtés des forces militaires américaines, ont vu leurs projets de voyage annulés, laissant beaucoup dans une attente interminable.
La situation difficile des réfugiés en Albanie
Les réfugiés afghans, principalement accueillis dans des stations touristiques sur la côte adriatique, se retrouvent dans une situation précaire. Bien que l’Albanie, membre de l’OTAN, ait d’abord accepté d’héberger ces réfugiés pendant un an, cette période a été prolongée à la suite des retards dans le traitement des visas. Beaucoup d’entre eux, comme Hasibullah, espèrent toujours que Washington tiendra sa promesse de leur offrir un avenir loin du régime des talibans. Pour lui et pour d’autres, l’espoir de « travailler et gagner un peu d’argent » aux États-Unis représente une chance de reconstruire leur vie et de protéger leur famille.
Cependant, d’autres, comme Palwasha N., se heurtent à des difficultés administratives. Refusée pour un visa en raison d’une omission dans sa demande, Palwasha a été invitée à « s’intégrer » en Albanie, un pays dont elle ne parle pas la langue et où les opportunités d’emploi sont limitées même pour les locaux. « Il n’est pas facile pour moi de m’intégrer ici. Je ne connais pas l’albanais et il est difficile pour même les Albanais de trouver un emploi dans leur propre pays », explique-t-elle, soulignant les défis de vivre dans un pays étranger sans perspectives claires.
Un avenir incertain
Alors que des milliers d’Afghans continuent de vivre dans l’incertitude en Albanie, leur attente d’un visa américain semble se prolonger. Le manque de soutien logistique, les complications administratives et les difficultés d’intégration dans un pays qui ne les a pas accueillis en tant que résidents permanents pèsent lourdement sur leur quotidien. Pour ces réfugiés, l’espoir réside encore dans la promesse des États-Unis, mais le chemin reste semé d’embûches et sans garantie.
En attendant, l’Albanie se trouve dans une position délicate, entre le rôle de soutien humanitaire qu’elle a joué en accueillant ces réfugiés et la pression croissante liée aux retards dans le processus de réinstallation. Le sort de ces milliers de réfugiés afghans reste suspendu à l’évolution des politiques américaines, alors qu’ils cherchent désespérément à reconstruire leur vie loin de l’ombre des talibans.
