Actualités Culture 

Le cinéma algérien : entre Histoire, transformation et défis contemporains

Par : Amani H.

Le cinéma algérien, depuis l’indépendance, a toujours été un moyen privilégié pour relater l’Histoire du pays, tissant des liens solides entre l’art et les événements majeurs du passé. Lors des Assises nationales sur le cinéma qui se sont tenues récemment à Alger, le président de la République a rappelé l’importance du lien entre le cinéma national et l’Histoire. Des réalisateurs ont ainsi utilisé les événements de la guerre de libération pour alimenter une riche production cinématographique, parfois dramatique, parfois plus légère, comme dans le cas de films comme « Hassan Terro » de Hamina ou « Les folles années du Twist » de Zemmouri. Ces œuvres s’inspirent directement de faits historiques, montrant que le cinéma peut être un vecteur essentiel pour comprendre les soubresauts d’une nation.

Des chefs-d’œuvre emblématiques

Des films tels que « Indigènes » de Rachid Bouchareb ou « La bataille d’Alger » de Pontecorvo sont devenus des références incontournables pour comprendre l’impact de la guerre de libération sur les individus et la société. Ces œuvres transcendent les manuels d’Histoire en racontant des trajectoires humaines profondes, qui, par leur subjectivité, éclairent de manière plus humaine la grande Histoire. « Chronique des années de braise » d’Ahmed Rachedi, qui a remporté la Palme d’Or en 1975, est un exemple frappant de cette approche historique, mettant en lumière la misère causée par la colonisation à travers un film dense et émouvant.

Cependant, si la révolution a été largement abordée à travers le prisme de la guerre et des luttes, d’autres aspects de l’Histoire, comme les révoltes populaires du XIXe siècle, n’ont pas reçu autant d’attention cinématographique, à l’exception de quelques rares portraits, comme celui de Bouamama. Le phénomène des bandits d’honneur, comme Arezki Lvachir ou Bouziane El Kalai, a, en revanche, été traité de manière plus régulière, enrichissant l’iconographie de la résistance.

Une transition vers la télévision et les sitcoms

Dans les décennies suivantes, l’horizon du cinéma algérien s’est élargi vers des thématiques plus sociales, traitant des questions de la jeunesse, de l’émigration, ou de la condition de la femme. Films comme « Omar Gatlatou » (1976) d’Allouache ont marqué un tournant, rompre avec les thèmes exclusivement historiques pour se concentrer sur la société contemporaine. De même, des productions comme « Les vacances de l’inspecteur Tahar » ont offert une pause comique, apportant une certaine légèreté.

Avec la fin du monopole de l’État sur la production cinématographique, l’ère des films de guerre a cédé la place à une nouvelle vague d’œuvres centrées sur l’extrémisme, les comédies et les sitcoms. Ces derniers ont notamment pris une grande place à la télévision, contribuant au divertissement populaire mais aussi à la réflexion sur les enjeux contemporains. Ce phénomène a été accompagné de la multiplication de productions par des chaînes privées et la télévision nationale, qui ont diversifié les thèmes abordés.

Des portraits historiques et une réflexion sur l’avenir

Récemment, de nombreux films ont été réalisés sur les figures emblématiques de la Révolution algérienne. Ces portraits des architectes de la Révolution, jusqu’alors perçus davantage comme des symboles que comme des êtres humains avec des destins singuliers, sont devenus une nouvelle facette du cinéma algérien. Ces récits intimes permettent de rapprocher le spectateur des réalités complexes de ces leaders historiques et de leur impact émotionnel et politique sur la nation.

Il est évident que le cinéma algérien ne se limite pas à raconter l’Histoire. Il s’intéresse également aux problèmes sociaux contemporains et au désir de divertissement de ses spectateurs. Cependant, dans un contexte politique souvent tendu, où l’unité nationale est mise à l’épreuve, le septième art a un rôle crucial à jouer. Il peut être un vecteur puissant de cohésion sociale et de renforcement des valeurs nationales. En paraphrasant Kateb Yacine, dans un monde où les ennemis de la nation redoublent de férocité, le cinéma peut devenir un rempart pour préserver et diffuser l’identité nationale et ses aspirations.

Articles relatifs

Leave a Comment