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Conférence magistrale d’Ahmed Bensaada sur les écrivains néocolonisés : Daoud, Sansal ou la détestation de soi…

Par : Amani h.

Ahmed Bensaada, auteur prolifique et chercheur reconnu à l’échelle mondiale, a animé une conférence passionnante sur le thème des écrivains néocolonisés, avec un accent particulier sur des figures comme Kamel Daoud. Cet événement a eu lieu en marge de la réédition par l’ANEP de son dernier essai, intitulé Kamel Daoud : Cologne, contre-enquête. Dans cet ouvrage, Bensaada analyse les prises de position de Kamel Daoud suite aux agressions de Cologne en 2015, où ce dernier avait accusé les réfugiés musulmans, principalement syriens, des viols perpétrés, en pointant du doigt l’islam comme racine du mal.

Bensaada y critique vigoureusement Daoud, soulignant ce qu’il considère comme une mimétisation poussée de l’écrivain algérien, qui, selon lui, se rapproche dangereusement des idées néoconservatrices françaises. Jacques-Marie Bourget, dans la préface, qualifie cet ouvrage de mise à nu de l’hypocrisie des intellectuels maghrébins qui se rangent du côté des oppresseurs et se comportent en supplétifs de penseurs occidentaux.

Dans la conférence, Ahmed Bensaada élargit son analyse en s’intéressant aux écrivains qu’il qualifie de néocolonisés, en particulier ceux originaires du Maghreb, dont les positions et prises de parole révèlent une détestation de soi-même. Selon lui, cette tendance est de plus en plus fréquente au début du XXIe siècle. Kamel Daoud, qu’il cite fréquemment, incarne cette dérive de l’intellectuel qui se cherche une légitimité en adoptant des positions antimusulmanes et en rejetant ses racines.

Bensaada, tout en puisant dans sa formation scientifique, s’efforce de démontrer à travers ses écrits comment certains intellectuels maghrébins se laissent « domestiquer » par les puissances occidentales, se mettant au service de leur agenda et adoptant une posture de dénigrement de leur propre culture et histoire. Il évoque aussi l’exemple de l’affaire des viols de Cologne, où Kamel Daoud, nourrissant une honte de ses origines, avait accusé à tort les réfugiés, avant que l’enquête ne démontre l’absence de preuves de sa théorie raciste.

L’auteur fait également une analyse sévère de ce qu’il considère comme une manipulation médiatique autour de certains intellectuels, comme le cas de Kamel Daoud qui, après ses déclarations controversées, s’est retiré de la scène médiatique, avant de revenir discrètement, sans répondre aux critiques.

Dans un registre plus large, cette conférence, très bien documentée, s’inscrit dans le cadre des recherches de Bensaada sur les enjeux contemporains liés aux relations entre l’Algérie et la France, ainsi que sur l’impact des intellectuels maghrébins sur la scène internationale.

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