Gel des exportations de gaz russe vers l’Europe : Analyse de l’impact par un expert de l’OPAEP
Par : Amani H.
Wael Hamed Abdel Moati, expert en industrie gazière au sein de l’Organisation
des pays arabes exportateurs de pétrole (OPAEP), a analysé les conséquences de
l’arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine. Selon lui, cette décision semble
illogique, car la Russie était prête à fournir du gaz sous diverses conditions pour
satisfaire la demande européenne, à condition que l’Ukraine donne son accord.
Dans un tweet publié sur son compte X (anciennement Twitter), il a précisé que
les marchés européens, notamment la Slovaquie, étaient prêts à accepter toute
solution garantissant la continuité des livraisons de gaz russe. La Slovaquie avait
d’ailleurs mené des négociations récemment à ce sujet. Cependant, l’Ukraine a
rejeté la proposition russe, qui prévoyait un transit du gaz sans que la Russie ne
perçoive de revenus des Européens. Cette condition a été naturellement refusée
par la Russie, ce qui implique que le gaz russe serait fourni gratuitement à
l’Europe.
Wael Abdel Moati a détaillé les impacts de cette situation sur différents acteurs :
- La Russie : La Russie perdrait environ 50 % de ses exportations actuelles
de gaz vers l’Europe, soit jusqu’à 15 milliards de mètres cubes
supplémentaires par an. Cela prive la Russie d’une voie essentielle pour
acheminer le gaz vers l’Europe centrale, et ses livraisons à destination de
l’Europe ont chuté de plus de 85 % depuis le début du conflit avec
l’Ukraine. Seul le gazoduc « TurkStream », via la Turquie, reste
fonctionnel. - L’Ukraine : L’Ukraine perdrait environ un milliard de dollars par an en
revenus de transit et son rôle clé en tant que pays de transit du gaz vers
l’Europe. Ce déclin diminue son levier de négociation avec la Russie et
l’Europe et expose son système de transport à de nouveaux risques. De
plus, en raison de l’insuffisance de sa production locale, l’Ukraine devra
importer du gaz liquéfié pour satisfaire ses besoins. - L’Europe : L’Europe centrale se retrouve dans une situation complexe,
devant acheter du gaz liquéfié à des prix élevés sur le marché mondial, ce
qui entraînera une hausse supplémentaire des prix, en particulier avec la
demande accrue en période hivernale. - La Turquie : La Turquie voit son rôle devenir plus stratégique pour la
Russie en tant que route de transit sûre vers l’Europe. Cela pourrait
également dynamiser l’idée de créer un centre de commerce du gaz en
Turquie, une option désormais plus urgente. - Les États-Unis : L’arrêt des livraisons de gaz russe ouvre une opportunité
pour les États-Unis, qui pourraient augmenter leurs exportations de gaz
naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe pour compenser le déficit prévu.
