Développement de l’agriculture : les stratégies mises en avant par les 3 candidats à la présidentielle
L’agriculture représente facteur clé de la sécurité alimentaire, a figuré au centre des programmes des 3 postulants à l’élection présidentielle du 7 septembre prochain.
D’abord pour Abdelmadjid Tebboune, candidat à sa succession, la sécurité alimentaire passe inévitablement par l’autosuffisance sur les produits stratégiques, dont les céréales. Aussi, l’augmentation des rendements – conjuguée à la valorisation de plus grandes parcelles agricoles dans le Sud – et l’augmentation des périmètres irrigués sont les principaux axes sur lesquels le chef de l’Etat a orienté la stratégie nationale en la matière. Une stratégie qui est appuyée sur le soutien grandissant aux agriculteurs, mais aussi par la mise en place d’artifices à même de garantir sa réussite, dont la formation, la numérisation, l’intégration de l’industrie dans l’agriculture, le recours aux techniques modernes de culture, la régularisation des exploitations… Ceci sans oublier le recensement général de l’agriculture dont la 3e opération de l’histoire de l’Algérie indépendante a été achevée le 27 juillet dernier.
Pour le ce même candidat il s’agira de «parachever le chemin vers une Algérie nouvelle», un chemin qui vise, entre autres, à «atteindre l’autosuffisance alimentaire en orientant l’Algérie vers le renforcement de la production de cultures stratégiques, en réduisant les importations à leurs niveaux les plus bas, et en renforçant le tissu des industries alimentaires et manufacturières, pour répondre à la fois aux besoins du marché et des exportations».
Dans une de ses interventions, le candidat Abdelmadjid Tebboune a déclaré qu’il s’engage à «poursuivre les réalisations accomplies», et cela concerne le secteur de l’agriculture, entre autres, où de grandes avancées ont été enregistrées.
Ason souci majeur est d’atteindre l’autosuffisance en blé dur, en orge et en maïs d’ici l’année prochaine, mais aussi d’étendre encore plus l’agriculture saharienne à travers la mise en valeur de 500 000 hectares à l’horizon 2027, le Qatar a déjà investi sur 117 000 hectares pour la production laitière et l’Italie sur 360 000 hectares pour les semences, en plus des investissements nationaux qui dépassent les 120 000 hectares. En soulignant le potentiel encore inexploité de l’Algérie dans le domaine agricole, le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué la mise en valeur des terres agricoles dans le Sud où 3 à 3,5 millions d’hectares devraient être exploités, surtout que l’eau y est disponible. Il a même été jusqu’à estimer les capacités de mise en valeur des terres agricoles dans le Sud à 9 millions d’hectares de terres cultivables entre Adrar et Aïn Salah. Le chef de l’Etat avait clairement réaffirmé, lors d’une rencontre avec des représentants de la presse nationale, que «l’avenir appartient à l’agriculture saharienne ».
Pour le candidat du FFS Youcef Aouchiche de «mettre en place un plan de planification de la production agricole nationale et durcir les mesures de lutte contre la spéculation». Et pour lutter contre l’inflation, il suggère «prendre des mesures pour améliorer la distribution, telles que la création de grands marchés de gros à l’Est, l’Ouest, au Centre et au Sud» qui seront gérés, selon lui, par des entreprises spécialisées dotées d’espaces de stockage.
Il est aussi question de «moderniser le secteur de l’agriculture et d’encourager l’agriculture à l’échelle industrielle» pour diversifier l’économie. Et parmi les points contenus dans l’augmentation des exportations, il sera question de « réserver des espaces pour l’exportation, ce qui va permettre de produire selon les normes des marchés ciblés, et d’être en mesure de garantir les quantités demandées».
Et dans ce domaine de l’ agriculture, le candidat du FFS estime que la souveraineté alimentaire «est d’une importance stratégique pour l’Algérie, en raison de sa forte dépendance aux importations alimentaires, des défis climatiques et de la nécessité de renforcer sa sécurité alimentaire».
Il a évoqué que selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les importations alimentaires de l’Algérie avaient atteint environ 8,3 milliards de dollars en 2019, contre 7,7 milliards de dollars en 2018, avec environ 75 % des céréales et 70 % des produits laitiers consommés provenant de l’étranger. «Cette dépendance expose le pays aux fluctuations des prix et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales», avertira t-il.
«Pour garantir la souveraineté alimentaire, l’Algérie doit adopter une approche intégrée et multisectorielle, impliquant des politiques agricoles et alimentaires cohérentes, des investissements dans les infrastructures et la recherche agricole, ainsi que la promotion d’une alimentation saine et durable», soutiendra Youcef Aouchiche. Et pour cela, il faudra créer une agence nationale de la sécurité alimentaire, engager la bataille du blé pour assurer une autosuffisance en la matière d’ici cinq ans, développer les filières agroalimentaires stratégiques, augmenter le taux de motorisation et de digitalisation de notre agriculture, encourager et soutenir l’agriculture de montagne, stabiliser l’approvisionnement par l’encouragement de la production locale, créer une banque de semences pour ne plus dépendre des importations des semences et une banque génétique pour préserver les races locales, investir dans la recherche et le développement dans le secteur de l’agriculture pour améliorer les rendements et réduire la dépendance aux importations, élaborer des cartes agricoles pour programmer les productions et les récoltes selon les besoins du marché, nos modes de consommation, nos saisons et nos fêtes religieuses dont le calendrier recule chaque année de 10 jour. Il faudra aussi, selon lui, encourager l’organisation des paysans et des éleveurs dans des systèmes de coopératives pour permettre une planification de la production agricole et agroalimentaire, créer des labels de compétition entre les territoires locaux et promouvoir le développement et la création de chaînes de valeur des produits agricoles d’origine protégée, créer et renouveler régulièrement des stocks stratégiques en matière de produits alimentaires de large consommation pour prévenir les crises et les pénuries.
Pour le candidat Abdelali Hassani Cherif (sur les 62 que compte son programme) a trait au plan national de sécurité alimentaire. Il s’articule, lui aussi, autour du développement des agricultures stratégiques en vue de l’autosuffisance, l’adoption d’un système de recensement et de protection de la faune et la flore, la mise en place de grands pôles agricoles intégrés avec complémentarité́ climatique et économique, l’encouragement de la mise en place de groupes d’activités intégrées dans les secteurs de conditionnement et de l’agroalimentaire, le développement de la culture des plantes industrielles et des produits à forte valeur ajoutée, l’encouragement des activités de transformation, le soutien et le développement l’agriculture de montagne et l’arboriculture, et le développement des activités de production des viandes et produits laitiers. Le programme du candidat Hassani Cherif ne détaille pas son approche sur l’agriculture, abordant les grands axes de son programme pour ce secteur. Mais il s’engage surtout à réunir toutes les conditions encourageant les jeunes à investir dans le secteur agricole, rappelant que l’Algérie dispose de grandes potentialités en la matière. De Mila, où il tenait un meeting dimanche dernier, il affirmait que «la wilaya est connue pour sa production de blé, de légumes et de fruits, et possède les ressources nécessaires pour développer le secteur agricole et booster l’économie nationale». Hier à Tiaret et à Mascara, le candidat du Mouvement pour la société de la paix (MSP) a souligné que le programme «Forsa» qu’il propose aux Algériens prévoit des programmes d’urgence pour promouvoir les régions des Hauts Plateaux afin d’atteindre la sécurité alimentaire des produits stratégiques, ce qui commence par une réforme globale.
Le candidat du MSP a plaidé pour le développement des régions des Hauts Plateaux dans un discours empreint de promesses électorales. Il a insisté sur le fait que son projet vise à revitaliser ces zones grâce à l’approvisionnement en eau, l’ouverture de routes, le soutien à la production agricole et alimentaire et la prise en charge du bétail, ce qui nécessite des programmes urgents pour mener à bien tous ces programmes.
