Zones industrielles: Coupures récurrentes d’électricité et trafic du foncier
Pour preuve, les quatre zones industrielles d’Annaba et les six zones d’activité fonctionnent au ralenti parce que, d’une part, la plupart des terrains affectés sont restés en l’état, les propriétaires s’étant contentés de clôturer les parcelles sans plus, comme c’est le cas à la zone industrielle de Meboudja, ou encore celles de Pont Bouchet ou Berrahal rapporte l’Indépendant dans son édition du 04.09.2021.
Ces parcelles, que le journal, auteur de cet article, a visité, sont devenues des dépotoirs pour déchets de toutes sortes. On y déverse, de nuit, des décombres, des déchets de matériaux de construction et autres ordures et scories. D’autre part, ces zones ne répondent plus aux normes et génèrent bien des problèmes qui pourraient être à l’origine de la mise à l’écart des vrais investisseurs pour la région d’Annaba.
En effet, dans ces zones, l’éclairage public est défaillant ou marche par à-coups, selon les conditions climatiques. L’aménagement y est des plus sommaires avec des routes défoncées où les nids-de-poule et les crevasses sont légion. Pour sa part, le système d’évacuation des eaux pluviales fonctionne rarement et des inondations sont signalées dans des unités de production, comme cela a été le cas dans une usine de la zone industrielle d’El-Allelik. Le propriétaire a dû prendre en charge lui-même la réfection de tout le réseau et procéder au remblayage pour surélever le terrain d’assiette, tout en installant des pompes d’évacuation. Il a fallu des journées entières pour faire dégager les eaux, des journées perdues et un manque à gagner important, en plus des salaires versés et des dépenses occasionnées pour l’opération. Pourtant, avant l’acquisition du terrain et sur papier, il était certifié que les parcelles affectées étaient viabilisées et dotées de toutes les commodités.
Les chutes de tension et les coupures fréquentes de courant électrique sont venues compliquer davantage la situation, que ce soit dans la zone de Meboudja, du Pont Bouchet, de Berrahal ou d’El-Allelik. A titre d’exemple, cette usine spécialisée dans la transformation de plusieurs produits sensibles et dont l’investisseur ne sait plus à qui s’adresser pour régler le problème. “Il y a de fréquentes chutes de tension dans notre usine, nous apprend-il, ce qui fait stopper les machines parce que celles-ci sont équipées d’un système de sécurité qui les bloque automatiquement dès qu’il y a une défaillance en matière d’énergie électrique, et si cela n’avait pas été le cas, ces machines seraient aujourd’hui, complètement hors d’usage.
Ces arrêts, qui durent parfois trois heures par jour, sont à l’origine de la baisse de la production, ce qui ne nous permet pas d’honorer les commandes de nos clients à temps. Pour remettre les machines en marche, cela prend une à deux heures, et la matière première s’y trouvant est bonne à jeter. Une double perte pour l’usine qui influe négativement sur nos finances. On s’est plaint à maintes reprises auprès de la Sonelgaz mais cela n’a rien donné, on a donc pris l’habitude”. Ceux qui n’ont pas investi et sont devenus malgré tout propriétaires des terrains affectés parce qu’ils ont su manœuvrer, exigeant de l’administration les actes de propriété pour leur permettre de contracter des crédits auprès des banques qui exigent ces documents comme garantie, s’en sortent bien puisqu’ils sont maintenant propriétaires, sans pour autant avoir respecté les cahiers des charges, et proposent à la vente, au prix fort, ces terrains acquis pour une bouchée de pain dans le cadre du CALPI.
Une situation paradoxale dans la mesure où, d’un côté, celui qui s’investit et investit est confronté à des difficultés presque insurmontables alors que celui qui n’a pas mis un centime dans l’hypothétique projet qu’il porte est à l’abri, tout en étant propriétaire d’un terrain qui, aujourd’hui, vaut de l’or. Des terrains qui existent mais qui, en même temps, ne sont pas disponibles. L’administration, qui a intenté des actions en justice pour récupérer ces terrains sur la base du non-respect des cahiers des charges, attend toujours de reprendre ces précieuses parcelles pour le développement et la création de richesses et surtout d’emploi.
La décision de la création de 42 zones industrielles s’étalant sur 9 500 hectares dans 34 wilayas du pays a quelque peu sauvé la mise et a donné lieu à beaucoup d’espoir, surtout que lesdites zones seront dotées de toutes les commodités et seront encadrées et suivies de près, de sorte que les erreurs du passé ne se reproduisent plus. Pour la wilaya d’Annaba, et en dehors du fait qu’elle est intégrée dans les prévisions de création de ces zones, il a été prévu la création d’une nouvelle zone d’activités sur 44 lots situés dans la nouvelle ville de Benouada-Mostefa (ex-Draâ Errich).