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QUAND L’HISTOIRE, VRAIE, REPREND SES DROITS, BOUMEDIENE UN VERITABLE MENTOR POUR LES AUTHENTIQUES

Par Benouar noureddine

Il a fallu près de quarante quatre ans pour que l’on décide à honorer comme il se le doit l’une des figures emblématique de l’Algérie, un génie pour certains, un visionnaire pour d’autres, mais tous s’accordent à dire qu’il a été pour beaucoup dans ce que c’est l’Algérie. Un pays qui continue de faire entendre sa voix malgré une révolution sanglante précédée d’une colonisation criminelle mais aussi d’une évolution qui en fait baver plus d’un pays. Forcément, il s’agit de feu Houari Boumediene, de son vrai nom Mohamed Boukharouba.

Les séniors, du moins ceux qui l’ont connu alors qu’il n’était que le chef d’Etat major, c’est-à-dire, avant le 19 juin 1965, gardent de lui un dur qui était toujours alerte malgré son maigre physique, ses yeux compensaient toute la stature d’un homme qui allait révolutionner, non seulement le pays mis tout un continent, l’Afrique en l’occurrence, mais pas que puisque même les pays de l’Amérique du Sud, latine et même au-delà. L’exemple des Blacks panthères des Etats unis est éloquent à bien des égards en ce sens qu’ils vouaient une admiration sans faille à un président qui vénérait les révolutionnaires d’où qu’ils soient. Cette attitude, il l’avait acquise durant la Révolution armée en côtoyant les leaders de cette révolution et forcément, il en était bien imprégné. Ce qui le caractérisait encore plus, c’est son sermon vis-à-vis des martyrs de la révolution qu’il avait incarné jusqu’à son dernier souffle. On s’en souvient lors de sa fameuse déclaration quand il a décidé de nationaliser nos ressources énergétiques, il s’est arrêté quelques secondes à cause des larmes qu’il n’a pu retenir en évoquant tous ses frères d’armes, l’émotion était à son comble tnt pour les présents que pour ceux qui ont suivi ce discours à la télévision.

Pourtant, tout a mal commencé pour feu Houari Boumediene lorsqu’il a décidé avec ses compagnons de mettre fin au règne de feu Ahmed Benbella qui a connu d’énormes difficultés pour gérer le pays u lendemain de l’indépendance au regard d’un contexte extrêmement complexe à cause de frictions des leaders qui se disputaient le pouvoir. Boumediene avait mis fin à tout ce désordre en s’emparant du pouvoir, car l’heure était à la construction de l’Etat algérien et non à la gestion des humeurs des uns et des autres. Il faut dire pour ceux qui ont la mémoire courte ou ceux qui faisait dans l’idéalisme que le peuple algérien vivait dans une grande misère. Analphabétisme, famine, déficit criard des édifices publics, santé publique archaïque et de ce fait, l’urgence d’y remédier était de mise. Pour cela, feu Houari Boumediene avait déjà son plan et une année après il nationalisa les mines, c’était le début du recouvrement des richesses du pays qu’il entendit compter sur elles pour construire le pays et permettre au peuple algérien d’en tirer profit. Le choix était ainsi fait et toute une politique se mit en œuvre, c’était le redressement tant attendu qu’il fallait pour un pays complètement déstructuré par tant de siècles de colonisation.

En nationalisant les hydrocarbures en 1971, ce qui a généré des rentrées substantielles, Boumediene avait opté pour trois autres grandes révolutions qui vont recevoir l’adhésion du peuple et c’est ainsi qu’il avait soigneusement concocté un mixe digne des grands leaders, puisque les trois révolutions étaient complémentaires pour réussir le pari fou de sortir le pays d’une longue léthargie.

LA REVOLUTION AGRAIRE

Annoncée en grande pompe, ce sont surtout les étudiants qui ont vite adhéré à ce concept puisqu’ils ont été les premiers volontaires à se frotter à la paysannerie pour leur expliquer ce qu’est cette révolution, qui non seulement profiterait aux fellahs, mais assurait une sécurité alimentaire, synonyme de souveraineté nationale. Le rêve de redistribuer les terres aux paysans, les réunir dans des collectivités, leur accorder toutes les facilités et surtout leur rendre leur dignité et la place qu’ils occupent dans cette nouvelle Algérie, avait enthousiasmé plus d’un et le projet de construire mille villages avec toutes les commodités nécessaires, faisaient rougir une autre classe, celle qui a profité durant la colonisation pour s’octroyer des milliers d’hectares. Des propriétaires de terres qui  n’attendaient que les récoltes pour s’enrichir encore plus alors que le pays vivait, pour bon nombre d’entres eux dans des gourbis et pour d’autres dans des grottes. Une injustice que le chef de l’Etat de l’époque ne pouvait admettre mais c’était sans compter sur quelques sabotages, venus même du cercle présidentiel, mais la jeunesse de l’époque était d’une telle maturité politique que le pari allait être gagné.

Comment ne pas l’être quand Boumediene avait annoncé la deuxième révolution ?

LA REVOLUTION INDUSTRIELLE

Boumediene l’avait bien compris, on ne peut prétendre à une agriculture efficient sans l’apport des équipements qui vont avec et c’est ainsi qu’il créa toute une industrie dédiée à l’agriculture en construisant, notamment des tracteurs à l’instar d’autres engins pour en finir avec de l’archaïsme. Dans cette foulée, Boumediene avait mis l’accent sur ce qu’il appelé l’industrie industrialisante en créant d’énormes complexes à l’image d’El Hadjar, d’une part pour permettre le plein emploi et d’autre part pour se préparer à se défaire de toutes ces importations. Mais le génie de Boumediene était encore plus subtil.

En effet, quand il a décidé de cette révolution et de la création de plusieurs usines, il savait que leur encadrement posait problème au même titre que la gestion de nos hydrocarbures et de nos mines, pour cela, il eu l’intelligence de créer des écoles et des instituts à l’effet de répondre à tous ces besoins et Boumerdes en était la Mecque. Ingénieurs en toutes spécialités en passant par les techniciens, les gents de maîtrise et rien n’a était laissé au hasard puisque Boumediene avait permis à des milliers d’étudiants, les plus méritants de poursuivre leur cursus dans les plus prestigieuses universités du monde. On sentait à cette époque l’émergence de plusieurs élites et autres experts qui allaient porter le flambeau d’une Algérie, désormais inscrite parmi les grandes nations.

Entre l’agriculture et l’industrie, une autre révolution est venue se greffer pour être la cerise sur le gâteau, c’était la Révolution culturelle

LA REVOLUTION CULTURELLE

Beaucoup a été dit sur cette révolution, notamment ceux qui étaient complètement contre pour des raisons sournoises, tel le profit et l’allégeance à l’ancien colonisateur. Le choix d’une culture orientée vers le progressisme, l’heure était au gauchisme et de ce fait, les littératures russe ou chinoise étaient à profusion avec leurs plus grands écrivains et autres hommes de lettres sauf que tout cela n’a pas occulté les autres. Les librairies étaient pleines à craquer de livres où le lecteur avait un choix, presque, illimité mais ce qui était meilleur, c’est que les prix étaient si bas que bon nombre de coopérants techniques, très nombreux à cette époque ont profité de cette aubaine pour enrichir leur bibliothèque à moindre frais. Toute cette dynamique intellectuelle a généré des prodiges, tant au théâtre qu’au cinéma. Ainsi, des acteurs, des dramaturges, des réalisateurs et même des techniciens ont émergé pour faire des productions, à jamais inscrites dans le patrimoine culturelle algérien, à telle enseigne que l’Algérie avait reçu la palme d’or u festival de Cannes pour le film culte de Lakhdar Hamina pour son chef d’œuvre «  Chronique des années de braise ». la télévision nationale n’était pas en reste puisque les programmes diffusés étaient d’une telle richesse que bon nombre de ces émissions sont devenus cultes.

Les écoles et les lycées n’étaient pas non plus en reste puisque beaucoup d’animations culturelles étaient incluses au programme scolaire, c’étaient pour les élèves une manière de les préparer à une autre étape, celle de l’université pour faire du jeune algérien, un modèle d’éducation, de culture et d’abnégation. Même le sport avait sa part dans les différents établissements scolaires d’où sont éclos de futurs champions, mais l’exemple qui restait en mémoire, c’est lorsque l’Algérie avait organisé les jeux méditerranéens en 1975, Boumediene devant l’enthousiasme des supporters en battant la France en final en football, avait décidé de prendre en charge tous les athlètes et leur équipe en les rattachant aux grandes entreprises pour les prendre en charge financièrement et matériellement et là aussi les résultats ne se sont pats fait attendre. En effet la qualification de l’équipe nationale en 1982 trouve son origine sur cette fameuse réforme sportive pensée par feu Houari Boumediene.

DE L’INSTITUTIONNALISATION DU PAYS

Dans toute cette dynamique, Boumediene lors de sa prise du pouvoir et dans son allocution historique avait déclaré qu’il s’engageait à édifier un pays fort de ses  institutions et c’est comme cela qu’il commença à l’élaboration des codes de communes et de wilaya pour qu’ensuite, il produira la nouvelle constitution et surtout avec cette Charte Nationale en 1976, précédée de débats à travers tout le territoire national et dont le contenu de ces débats étaient d’un haut degré de maturité politique. S’en suit alors les toutes premières élections présidentielles qui consacraient Boumediene comme Président de la République Algérienne démocratique et populaire, une consécration qui faisait de l’Algérie un pays digne de ce nom.

Pour certains, ce n’était que de la poudre aux yeux et forcément toute cette consolidation ne pouvait leur plaire, eux qui nourrissaient le rêve de tout basculer, mis Boumediene savait qu’en dotant le pays d’institutions fortes, le meilleur ne pouvait que suivre à travers les générations montantes qui pouvaient apporter le plus et tout le monde était content et fier de son pays et de son président.

COMMENT ENRICHIR LE PAYS ?

Déjà en nationalisant les mines puis les hydrocarbures, Boumediene, bien entouré d’autres génies, du genre Belaïd Abdeslem, Slimane Offman ou encore Smaïn Mahrouk, ont pioché sur les prix du pétrole pour constituer avec les pays producteurs et de créer une organisation qui va faire parler d’elle en décidant d’un commun accord de relever ces prix à un taux très appréciable et du coup, créer une crise sans précédent dans le monde occidentale qui ne pouvait rien faire sinon acquiescer une victoire historique.

D’autres victoires sont à l’actif de Boumediene, notamment sur le plan diplomatique avec la consolidation du mouvement des non alignés, de la conférence des pays islamiques, y compris de l’Union africaine et même de l’union du Maghreb, mis ce qui a marqué les esprits à travers le monde, c’est sa participation à l’ONU en 1974 pour dénoncer l’ordre économique mondial qui était si injuste pour préconiser un autre, plus en phase avec le contexte de l’heure.

En effet, c’est suite à la décolonisation de plusieurs pays et de leur désir de gérer leur propre pays en profitant chacun d’eux de ses richesses nationales que le changement se devait de se faire sauf que les pays occidentaux ne voyaient pas les choses de la même façon, bien au contraire, ils espéraient à coups de corruption et de traîtrise, continuer à spolier toutes ces richesses, un phénomène qui perdure jusqu’à maintenant, hélas.

LA POPULARITE DE BOUMEDIENE

Il y avait la fameuse phrase de feu Mohamed Boudiaf qui, en voyant les images des obsèques de Boumediene avait dit :  « Si le peuple voue une telle admiration pour son président, c’est que ce dernier a dû faire de bonnes choses » et ce dernier de mettre fin aux activités de son parti d’opposition le PRS.

En effet et à l’annonce de sa mort, le peuple algérien, uni comme un seul home pleurait son chef charismatique et ceux pour plusieurs raisons, la plus importante, c’est ce nif  qu’il dégageait et qui faisait la fierté de tous. Pour eux, c’était un protecteur, celui qui leur garantissait, non pas le faste, mais une vie décente et ce sont toutes les catégories d’âge qui pensaient la même chose même si une partie n’attendait que cette disparition pour assouvir, à la fois une vengeance sur celui qui a proscrit l’individualisme, mais surtout cette soif ardente née de notre glorieuse révolution de porter haut la voix de l’Algérie.

Malheureusement, après sa mort, les choses ont changé du tout au tout non sans occulter ses treize années de forte présente et de faits historiques.

Heureusement qu’il y a eu un certain Abdelmadjid Tebboune qui avait pris les règnes du pouvoir en Algérie après une déliquescence mortifère pour remettre au goût du jour l’une des personnalités marquantes post indépendance. D’ailleurs dans presque toutes ces déclarations, il a toujours évoqué son mentor, feu Houari Boumediene jusqu’à 2022 pour officialiser la commémoration de ce grand homme et de décider qu’un prix portera son nom, une manière de l’honorer après plus de quarante quatre ans de silence ahurissant.

Cependant, avec ces commémorations, bien des langues vont se libérer pour expliquer ce qui s’est réellement passé depuis un certain 27 décembre 1979.

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