La Banque centrale durcit les règles contre les dépôts en espèces
Dans un nouveau renforcement de sa politique monétaire, la Banque d’Algérie (BA) a interdit les dépôts d’espèces sur les comptes commerciaux, sauf cas exceptionnel dûment justifié. La circulaire, adressée à l’ensemble des établissements bancaires, s’inscrit dans une stratégie nationale visant à réduire progressivement l’usage du cash et à éradiquer les transactions non traçables d’ici 2028.
Selon la note datée du 22 décembre 2025, les comptes commerciaux doivent désormais être alimentés uniquement par des moyens de paiement scripturaux, tels que virements bancaires ou chèques. Les dépôts en liquide ne seront tolérés qu’en situation exceptionnelle, sous contrôle strict des banques. Cette mesure vise à renforcer la traçabilité des flux financiers et à lutter contre le blanchiment de capitaux, la fraude fiscale et le financement du terrorisme, conformément au règlement n°24-03.
La Banque d’Algérie précise que cette politique ne doit pas freiner l’inclusion financière : particuliers et petites entreprises à faible risque continueront à bénéficier d’un accès simplifié aux services bancaires de base.
Une feuille de route vers la société « cashless »
Cette décision s’inscrit dans une feuille de route ambitieuse présentée par le gouverneur de la BA, fixant l’objectif d’une disparition totale du cash d’ici 2028. La loi de Finances 2025 a déjà interdit les paiements en espèces pour certains secteurs, comme l’immobilier, les véhicules, les yachts et les assurances, et cette interdiction sera progressivement étendue à l’ensemble de l’économie.
Le ministère des Finances, en coordination avec la Banque centrale, prévoit une généralisation des paiements électroniques. Dans le secteur public, toutes les transactions fiscales et facturations devront passer par des moyens électroniques. Pour le secteur privé, l’installation de terminaux de paiement deviendra obligatoire dans les grandes et moyennes surfaces, avec des incitations fiscales pour encourager les commerçants et consommateurs à adopter ces solutions.
Cette transition vers une économie « cashless » représente un chantier stratégique majeur pour l’Algérie, visant à moderniser le système financier, élargir l’assiette fiscale et aligner le pays sur les standards internationaux. La récente mise sous contrôle des flux de trésorerie des entreprises constitue la première étape concrète de cette transformation.
