Mustapha Nedjai : entre mémoire, silence et quête de sens
Artiste-plasticien reconnu pour une œuvre traversée par la matière et la méditation, Mustapha Nedjai explore aujourd’hui un autre territoire de création : l’écriture. Il publie simultanément deux ouvrages, Réminiscence d’artiste et L’Écho du vide, qui dialoguent entre eux comme deux faces d’une même démarche. Entre mémoire et absence, présence et silence, ces livres proposent une plongée profonde dans l’univers intérieur de l’artiste.
Dans Réminiscence d’artiste, Mustapha Nedjai livre un texte à la fois autobiographique et réflexif. Pensé comme un voyage intérieur, l’ouvrage retrace un parcours artistique nourri d’expériences, de questionnements et d’apprentissages. L’auteur s’adresse en particulier aux jeunes artistes, étudiants et passionnés de culture, en partageant ce que les écoles n’enseignent pas toujours : la dimension intime, spirituelle et humaine de la création. Plus qu’un manuel, le livre se veut une transmission, une parole sincère sur ce que signifie « être artiste ».
Au cœur de cette démarche se trouve le voyage intérieur, que l’artiste considère comme le véritable atelier de toute création. Avant les techniques et les outils, il y a, selon lui, une conscience à développer, une écoute du monde, de la nature et du silence. Mustapha Nedjai insiste sur l’importance de la sensibilité, trop souvent reléguée au second plan dans l’enseignement artistique, alors qu’elle constitue la source même de toute œuvre authentique.
Avec L’Écho du vide, l’artiste prolonge cette réflexion en abordant une thématique essentielle : le vide. Loin d’être une absence, le vide est ici envisagé comme une force, une énergie invisible. Inspiré autant par la philosophie que par la physique quantique, l’essai explore ces moments de silence et de suspension nécessaires à la création. L’auteur évoque les « vides énergétiques », indispensables à la régénération, mais aussi les vides plus douloureux, liés aux traumatismes, aux blocages ou à l’épuisement intérieur.
Dans cette réflexion, le silence occupe une place centrale. Pour Mustapha Nedjai, c’est dans le silence que se prépare le geste créatif, que l’idée prend forme. La nature, rappelle-t-il, ne crée jamais de vide inutile : chaque espace est porteur de sens et de renouveau. À l’inverse, l’homme fabrique parfois des vides stériles, nourris par la peur ou le doute. L’enjeu de la création est alors de transformer ces absences en forces.
Les deux ouvrages se répondent ainsi comme un diptyque. Réminiscence d’artiste interroge la mémoire, le chemin parcouru, les fondations de l’identité artistique. L’Écho du vide explore le silence, l’absence et l’énergie qui précèdent toute naissance créative. Ensemble, ils dessinent une même quête : comprendre comment l’art transforme l’expérience humaine en forme, en lumière et en sens.
Si Mustapha Nedjai reste avant tout plasticien, l’écriture s’impose pour lui comme un prolongement naturel de la peinture. Là où l’image atteint ses limites, le mot ouvre d’autres horizons. À travers ces deux livres, l’artiste exprime surtout un désir de transmission, espérant éveiller chez le lecteur une autre manière de penser la création.
Au final, le message est clair : créer, c’est d’abord un acte de conscience. Être artiste, c’est apprendre à se connaître, à écouter le silence et à faire du vide non pas une absence, mais une source d’énergie et de beauté.
